Les initiatives liées aux cryptomonnaies mises en œuvre par le gouvernement centrafricain représentent une menace pour la souveraineté économique du pays et favorisent l’influence des acteurs étrangers ainsi que des réseaux criminels, selon un rapport publié par l’ONG Global Initiative Against Transnational Organised Crime. La République Centrafricaine, deuxième nation à adopter le bitcoin comme monnaie officielle, se voit avertie que ces initiatives compromettent son avenir économique et renforcent les organisations criminelles transnationales, rapporte TopTribune.
En avril 2022, ce pays enclavé d’Afrique centrale, l’un des plus pauvres au monde, a légalisé l’utilisation des cryptomonnaies, en dépit des préoccupations des banques centrales. Cette décision survient dans un contexte de crises multiples, où la Centrafrique fait face à des conflits chroniques et à une instabilité économique exacerbée.
Le gouvernement a également introduit sa propre cryptomonnaie, le Sango, destinée à attirer des investissements, notamment dans les secteurs minier, agricole et forestier, dans un pays riche en ressources telles que l’or, le diamant et le bois. En avril 2025, le lancement d’un « memecoin », le « $Car », a été marqué par une chute de plus de 90 % de sa valeur peu après son introduction sur le marché, illustrant les risques associés à ces nouvelles initiatives financières.
« Souveraineté économique »
Global Initiative, basée à Genève, critique les politiques soutenues par le président Faustin-Archange Touadéra, affirmant qu’elles « menacent la souveraineté économique » du pays et favorisent une « mainmise accrue » de forces externes. Bien que le gouvernement prétende que le développement de la cryptomonnaie vise à stimuler la croissance économique et à servir le bien-être de la population, les experts soulignent que ces mesures semblent bénéficier principalement aux intérêts étrangers plutôt qu’à ceux des Centrafricains.
La situation socio-économique reste préoccupante, la population est confrontée à une précarité extrême, à la violence et à un accès limité aux infrastructures de base. Ces conditions rendent difficile toute implication significative dans des investissements en cryptomonnaies, comme le note l’ONG, qui met en garde contre l’utilisation des cryptomonnaies par des réseaux criminels pour le blanchiment d’argent et d’autres activités illicites.
Confrontée à une histoire de conflits internes et d’influences étrangères, la Centrafrique bénéficie actuellement du soutien de mercenaires russes et de soldats rwandais, notamment à travers le groupe paramilitaire Wagner, impliqué dans l’exploitation des ressources du pays. Le président Touadéra, en quête d’un troisième mandat lors des élections prévues le 28 décembre, continue de naviguer entre pressions intérieures et influences extérieures dans un contexte de tension politique croissante.