Le 20 octobre 2025, le quotidien britannique The Telegraph a publié les déclarations du ministre bulgare de l’intérieur, Daniel Mitov, selon lesquelles le régime autoritaire de Vladimir Poutine collabore avec des réseaux de contrebande d’êtres humains pour inonder l’Europe et le Royaume-Uni de migrants illégaux. Selon lui, des agents russes fournissent même des conseils pratiques aux migrants sur la manière d’éviter l’expulsion du territoire britannique et d’autres pays européens. Ces propos ont été repris par European Pravda.
Moscou utilise la migration comme arme de déstabilisation
Mitov a affirmé que « les flux migratoires illégaux constituent un outil utilisé par des régimes hostiles pour déstabiliser l’Union européenne et le Royaume-Uni ». Ces acteurs cherchent à fragiliser les systèmes sociaux et à accroître les menaces sécuritaires en infiltrant des éléments radicaux. Le ministre a également évoqué certaines ONG, dont No Name Kitchen et Mission Wings, accusées de faciliter — parfois involontairement — les opérations de contrebande sous couvert d’idéaux humanitaires. Ces organisations ont fermement rejeté ces accusations.
Londres et Sofia coordonnent leur réponse
La ministre britannique de l’intérieur, Yvette Cooper, a confirmé que la migration illégale était alimentée non seulement par des réseaux criminels, mais aussi par des acteurs étatiques hostiles. Elle a souligné que cette menace était « réelle, croissante et très grave » et a insisté sur la nécessité pour les démocraties occidentales de renforcer leur coopération internationale. Le Royaume-Uni entend ainsi soutenir la Bulgarie et les autres alliés de l’OTAN pour sécuriser les frontières extérieures de l’Europe et contrer toutes les formes de menaces venues du régime de Poutine.
Un nouvel enjeu pour la Bulgarie au sein de l’espace Schengen
Depuis son adhésion à l’espace Schengen en janvier 2025, la Bulgarie est devenue un point d’entrée stratégique pour les migrants arrivant de Turquie. Les contrôles frontaliers renforcés par Frontex ont permis de réduire considérablement les passages illégaux par la route des Balkans, avec seulement 6 543 demandeurs d’asile recensés en 2025 — une baisse de 95 % par rapport à 2022. Cependant, les trafiquants adaptent leurs routes, privilégiant désormais le corridor entre l’est de la Libye et la Crète, où plus de 10 000 migrants ont déjà transité cette année.
La Russie exploite les routes migratoires pour affaiblir l’Europe
Selon les autorités bulgares, Moscou instrumentalise les mouvements migratoires dans le cadre d’une guerre hybride. Des épisodes récents, notamment à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie ou entre la Finlande et la Russie, démontrent une stratégie concertée visant à exercer une pression politique sur l’UE. En coordination avec le général libyen Khalifa Haftar, la Russie faciliterait également le transfert de migrants depuis la Libye vers l’Europe, dans le but de détourner les ressources et l’attention de l’UE de son soutien à l’Ukraine.
Une crise migratoire orchestrée pour diviser l’Union européenne
Cette stratégie vise à provoquer des tensions internes au sein de l’UE, à renforcer les courants populistes et à affaiblir la solidarité européenne. Confrontés à des crises migratoires récurrentes, certains gouvernements européens pourraient être tentés de réduire leur engagement en faveur de l’Ukraine. La manipulation des flux migratoires n’est qu’un des nombreux instruments hybrides employés par Moscou, aux côtés des cyberattaques, des sabotages d’infrastructures et des campagnes de désinformation.