Démission surprise du Premier ministre français Sébastien Lecornu
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a annoncé sa démission moins d’un mois après sa nomination, un acte qui risque d’accentuer la fracture au sein d’un gouvernement déjà divisé. Lecornu a déclaré qu’il quittait ses fonctions lundi matin, une décision rapidement acceptée par le Président Emmanuel Macron, rapporte TopTribune.
Ce choix inattendu intervient moins de 24 heures après la présentation du nouveau cabinet de Lecornu, qui avait suscité des critiques à travers le spectre politique. La première réunion du cabinet devait se tenir à 16 heures, heure locale, ce lundi.
Dans une adresse nationale, Lecornu, le septième Premier ministre à servir sous la présidence de Macron, a détaillé les difficultés rencontrées pour unifier le gouvernement autour d’un budget national. “Il y a toujours cette impression que la ligne recule chaque fois que nous avançons”, a-t-il déclaré en faisant référence aux négociations sur des enjeux clés tels que les retraites, la fiscalité et les chiffres du chômage.
Allié de Macron et membre du parti Renaissance, Lecornu a attribué sa démission à trois problèmes majeurs. Il a fait état d’une « rupture profonde » parmi les membres du parlement, certains d’entre eux “refusant d’assumer leur rôle de parlementaires” dans les discussions relatives au budget et aux votes d’amendement. Il a également accusé certains partis au sein du gouvernement d’adopter “une posture comme s’ils avaient tous une majorité absolue à l’Assemblée nationale.” De plus, Lecornu a mentionné le “réveil de certaines appétences partisanes” qui a perturbé le fonctionnement de l’exécutif.
Lors de son discours, Lecornu a refusé d’invoquer l’article 49.3 de la constitution française, qui permet au Premier ministre de faire adopter une loi sans vote à l’Assemblée nationale. Cette décision a été interprétée par beaucoup comme un signe de sa volonté de dialoguer malgré les tensions existantes.
Sa démission, notons-le, est la première d’un ministre ayant servi depuis l’élection de Macron en 2017, témoignant de l’étroite collaboration entre lui et le Président. Son départ a provoqué des réactions allant du choc à la confusion.
La restructuration du cabinet a également suscité des critiques acerbes durant le week-end. Le ministre de l’Intérieur et homme politique du parti républicain de centre-droit, Bruno Retailleau, a affirmé que le nouveau cabinet ne reflétait pas la “rupture” promise par Lecornu, prévoyant de rencontrer des membres de son parti lundi pour discuter de la “situation politique créée par cette annonce.”
Le leader du parti d’extrême droite Rassemblement national, Jordan Bardella, a déclaré : “Nous avions clairement dit au Premier ministre : c’est soit une rupture, soit une censure. Le gouvernement annoncé ce soir, composé des derniers Macronistes agrippés à la planche de salut de la Méduse, présente décidément tout d’une continuité, absolument rien de ce à quoi s’attendent les Français.” Bardella et Marine Le Pen, qui a été condamnée en avril dans le cadre d’une enquête sur un vaste schéma de détournement de fonds, appellent désormais à des élections générales anticipées suite à la démission de Lecornu.