Lundi 6 octobre 2025, la France s’est retrouvée sans Premier ministre suite à la démission inattendue de Sébastien Lecornu. Cette décision, survenue seulement quatre semaines après son entrée en fonction et moins de 24 heures après l’annoncement de son gouvernement, a eu un impact immédiat sur les marchés obligataires. Face à cette situation, les investisseurs ont exigé des rendements plus élevés sur la dette française, amenant le taux de l’OAT 10 ans à dépasser celui du BTP italien, rapporte TopTribune.
L’inversion historique entre l’OAT et le BTP
La différence est étroite — seulement sept points de base — mais cela représente un changement significatif dans la perception du risque souverain en Europe. Selon Investing.com, le rendement de l’OAT 10 ans était de 3,591 % ce lundi, tandis que le BTP italien s’établissait à 3,584 % pour la même échéance. Cette inversion s’est intensifiée à la suite de la démission du chef du gouvernement. Comme le souligne Reuters, « la dette française a connu une pression inhabituelle sur les marchés, conséquence directe du vide politique à Paris ».
Sur le marché secondaire, les investisseurs se sont rapidement détournés des titres français jugés plus risqués à court terme. Les experts d’Agefi-Dow Jones remarquent que le « spread OAT-Bund a atteint son maximum depuis dix mois » suite à l’annonce du départ de Lecornu.
Pourquoi la démission de Lecornu a-t-elle fait trembler les marchés ?
La démission du Premier ministre, confirmée le matin même par l’Élysée, a surpris les acteurs du marché financier. Cette issue inattendue s’est produite alors que le projet de budget 2026 était sur le point d’être présenté au Parlement, amplifiant les craintes d’un blocage institutionnel. Pour les investisseurs, ce scénario indique un manque de continuité et de prévisibilité dans la gestion des affaires publiques.
En plus de cette crise politique, c’est la possibilité d’un vide budgétaire qui préoccupe les investisseurs. L’absence d’un gouvernement stable pourrait retarder l’adoption du budget, ce qui compromettrait encore davantage une trajectoire de déficit déjà préoccupante. Les prévisions indiquent que le déficit public pourrait atteindre environ 5,4 % du PIB cette année, selon l’INSEE, et des réformes semblent nécessaires pour éviter une aggravation de cette situation.
Un effet d’arbitrage en faveur de l’Italie
La comparaison avec la situation en Italie s’impose. Bien que l’Italie figure parmi les États les plus endettés d’Europe, les marchés perçoivent actuellement une plus grande stabilité politique sous le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni. Le Financial Times rapporte que « les investisseurs estiment désormais que la dette italienne est au moins aussi fiable que la dette française », un phénomène sans précédent depuis la création de la zone euro. Autrement dit, la France semble perdre sa réputation de crédibilité : le risque politique français est désormais jugé plus élevé que celui de l’Italie, un retournement surprenant pour un pays historiquement considéré comme un pilier du marché obligataire européen.
Plus la confiance envers le pays diminue, plus il doit offrir des rendements élevés pour emprunter. Cela entraîne une augmentation des coûts d’emprunt, nuisant ainsi à l’équilibre budgétaire. Ce cercle vicieux, bien connu des analystes, pourrait forcer Paris à mettre en œuvre des mesures d’austérité pour rassurer les marchés ou chercher un soutien accru de la Banque centrale européenne. Toutefois, la BCE n’intervient en général qu’en cas de tensions systémiques. Actuellement, le basculement France-Italie reste modéré, mais il sert d’avertissement sur la nécessité de suivre de près l’évolution économique.
Cependant, cette inversion ne signifie pas que la France fait face à des difficultés de financement. Les récentes adjudications de l’Agence France Trésor continuent d’attirer une forte demande, ce qui prouve que la signature française garde un statut solide. Cela dit, les investisseurs internationaux regardent désormais le pays avec plus de précautions.