Le lundi 6 octobre 2025 a marqué non seulement le premier jour d’un nouveau gouvernement mais aussi sa dissolution rapide après seulement douze heures d’existence en raison de la démission inattendue de Sébastien Lecornu, survenue tôt dans la matinée. Cette situation embarrassante soulève des questions sur les raisons de cette démission, à peine le gouvernement formé, rapporte TopTribune.
Anticiper l’implosion du gouvernement
La démission de Sébastien Lecornu, considéré comme le Premier ministre le plus éphémère de la Vᵉ République, s’explique par son incapacité à établir un dialogue avec les oppositions et à réaliser la rupture promise. Son engagement à apporter des « ruptures » concrètes, tant sur la forme que sur le fond, n’a pas convaincu ses détracteurs, notamment ceux de droite.
Privé de majorité parlementaire, Lecornu avait promis une approche plus créative et une collaboration sérieuse avec les oppositions, mais ces efforts se sont révélés infructueux, l’exposant à des critiques du Parti socialiste et du Rassemblement national.
Son départ semble également avoir été un moyen d’anticiper l’effondrement de sa coalition fragile, renforcée par des membres insatisfaits de la droite républicaine, qui n’a pas apprécié la composition de son exécutif, incluant un nombre important de ministres anciens, comme Bruno Le Maire, en contradiction avec son message de renouveau.
La fronde de Bruno Retailleau en cause ?
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur reconduit, a mis une pression considérable sur Lecornu. Des sources évoquent que son retour aux Armées a symbolisé pour la droite une mauvaise gestion budgétaire des gouvernements précédents. De plus, la répartition du gouvernement, favorisant Renaissance avec dix ministres contre seulement quatre pour Les Républicains, a suscité le mécontentement.
Les tensions internes étaient palpables, Retailleau ayant obtenu un soutien conditionnel de la part des parlementaires LR, mais en faisant face à des menaces de démission, notamment de David Lisnard.
Trois raisons principales
En réaction à sa démission surprise, Sébastien Lecornu a exposé trois raisons majeures justifiant sa décision :
- Renoncer au 49.3 n’a pas eu l’effet escompté
« Les conditions n’étaient plus remplies », a-t-il déclaré, ajoutant que son geste de renoncer à l’utilisation du 49.3 pour l’adoption du budget n’avait pas suffi à dissiper les menaces de censure de la gauche et du RN.
- Les partis ne jouent pas le jeu de la coalition
Il a également souligné que les partis continuaient à agir comme s’ils détenaient chacun une majorité à l’Assemblée nationale, usant du débat et des compromis.
- Trop « d’appétits partisans »
Lecornu a mis en avant « les appétits partisans » comme facteurs ayant précipité sa démission, en référence directe à Retailleau. Ce dernier, après avoir été interpellé, a nié toute responsabilité, affirmant que les décisions de Lecornu n’avaient pas favorisé la confiance nécessaire au sein du gouvernement.
Nomination des ministres « pas fluide »
« La composition du gouvernement n’a pas été fluide », a déclaré Lecornu, précisant que l’instabilité politique pourrait echoir à la IVᵉ République, marquée par une instabilité gouvernementale. Les oppositions, suite à cette démission, ont rapidement appelé à la dissolution de l’Assemblée nationale et à la démission d’Emmanuel Macron. Olivier Faure, le chef du PS, a déclaré que la démission était celle d’un dernier gaulliste en France, appelant également à nommer un Premier ministre de gauche.