« Il est tombé. » La notification a retenti sur les téléphones : les députés ont voté contre la confiance au gouvernement de François Bayrou, contraignant ce dernier à la démission. Sur la place Bargemon à Marseille, près de l’Hôtel de ville, des applaudissements et des cris ont accueilli l’annonce. De petits groupes se sont formés, partageant bières et chips pour célébrer le départ du Premier ministre, rapporte TopTribune.
Jamel, étudiant des quartiers Nord de la ville, a tenu à être présent pour représenter un territoire souvent négligé. Le 10 septembre, il prévoit de se mobiliser pour défendre les revendications issues des assemblées générales, dénonçant l’isolement, la répression policière, ainsi que la dégradation des logements et des services publics. « C’est important d’être uni », a-t-il souligné, approuvé par deux jeunes récemment installés à Marseille, cherchant à s’impliquer dans le mouvement.
« Fragilité du pouvoir »
Des tracts annonçant un repas « solidaire et de lutte » à prix libre mercredi soir circulent parmi les manifestants. Certains se sont attelés à la préparation de pancartes, sous l’œil attentif d’Olivier, membre de La France insoumise et ancien gilet jaune. Selon lui, la mouvement « Bloquons tout » constitue une continuité, et le départ de Bayrou n’est qu’une étape, la véritable cible étant Emmanuel Macron. « Il organise le chaos, utilise les ministres comme des fusibles », avance-t-il.
La démission de l’élu palois galvanise les manifestants présents. « C’est symbolique, on a réussi à le faire partir rien qu’en appelant à un rassemblement. Cela montre bien la fragilité du pouvoir », affirme Laurent, portant le poids de l’entraide familiale, s’occupant de ses deux parents handicapés. Après des semaines de tractage à Marseille pour informer autour du 10 septembre, il exprime son inquiétude face à la montée de l’extrême droite.
Mercredi, il sera présent devant l’église des Réformés, un des lieux de rendez-vous des participants. « Beaucoup de jeunes sont intéressés, cela bouscule un peu les militants des syndicats, des partis… C’est une nouvelle manière de se mobiliser, plus horizontale », constate-t-il, après avoir effectué des visites maison à maison dans le quartier populaire d’Air Bel, dans le 11e arrondissement.
« Un milliard de choses à faire »
Joël, 73 ans, et Corinne, 66 ans, observent le rassemblement avec une certaine détermination. « Je m’en fous de Bayrou », assure Joël, tandis que Corinne ajoute, en riant : « Ça fait plaisir quand même. Mais si c’est pour mettre un clone… Ce qu’il faut, c’est un changement de cap. » Retraités de l’Éducation nationale, le couple manifeste « contre les mesures systématiquement antisociales » prises par l’exécutif et contre le phénomène du bouc émissaire, que ce soit l’étranger, le boomer ou l’assisté. Ils espèrent que le rassemblement du 10 septembre provoquera un effet boule de neige.
« Ciao Bayrou ! » Une voix résonne dans un micro, suivie d’exclamations réjouies : l’assemblée générale démarre. Une enceinte permet des prises de parole, notamment pour saluer la mobilisation du secteur de l’énergie, en grève depuis le 2 septembre. « C’est la première fois qu’un mouvement social n’a pas encore démarré et que le Premier ministre est déjà parti », ironise un représentant de Révolution permanente, organisation d’extrême gauche, provoquant les rires et applaudissements du public. Manuel Valls, Gérald Darmanin, Élisabeth Borne et Bruno Retailleau subissent des huées. L’organisation de la suite est au cœur des discours : « Il y a un milliard de choses à faire », avance un jeune homme au micro, appelant ceux intéressés à se rassembler pour s’organiser.