Consommation d'électricité, extraction de métaux, data centers... L'Ademe alerte sur l'impact environnemental croissant du numérique
Consommation d'électricité, extraction de métaux, data centers... L'Ademe alerte sur l'impact environnemental croissant du numérique

Consommation d’électricité, extraction de métaux, data centers… L’Ademe alerte sur l’impact environnemental croissant du numérique

06.11.2024
3 min de lecture

L’Agence de la transition écologique a publié lundi deux études consacrées aux centres de données et aux besoins en métaux dans ce secteur en constante expansion.

Les Français ont de plus en plus d’équipements numériques. C’est ce que montrait, en mai dernier, le baromètre du numérique annuel réalisé par l’Arcep(Nouvelle fenêtre). De quoi inquiéter, alors que l’impact environnemental de ce secteur, « déjà significatif », est « en forte croissance », a alerté lundi 4 novembre l’Ademe, notamment du fait du « développement des appareils connectés et des mondes virtuels ».

Pour le mesurer, l’Agence de la transition écologique a publié deux études sur le sujet, l’une sur les data centers (ou centres de données)(Nouvelle fenêtre) et l’autre sur les besoins en métaux du secteur(Nouvelle fenêtre). Elle y établit, déjà, que « le numérique représentait 2,5% de l’empreinte carbone annuelle de la France [soit l’équivalent du secteur des déchets] et 10% de sa consommation électrique ».

Des data centers de plus en plus gourmands

Dans cette empreinte, l’Ademe s’attarde d’abord sur les centres de stockage de données. La première étude montre « qu’ils représentent 16% de l’empreinte carbone du numérique », et ce, en ne prenant en compte que les centres situés en France. « Or, une partie importante des usages en France sont hébergés à l’étranger », souligne le document. Et la tendance est à la hausse, notamment du fait de l’essor de l’intelligence artificielle et du big data : « Les centres de données vont représenter une part de plus en plus importante de l’impact environnemental du numérique notamment en raison de la hausse du volume de données (+20% par an) ainsi que de la part de la consommation d’électricité en France qui pourrait représenter 6% en 2050 ». A l’échelle mondiale, l’Agence internationale de l’énergie (AIE)(Nouvelle fenêtre) prévoit, elle, « un doublement de la consommation électrique mondiale liée aux data centers d’ici à 2026, pour atteindre les 1 000 TWh, soit l’équivalent de la consommation électrique du Japon », ajoute l’Ademe.

L’étude évoque également la consommation en eau, « pour le refroidissement des data centers » et qui peut « s’avérer critique en période de forte chaleur et de stress hydrique ». L’Ademe évoque également les sols, alors que la construction des nouveaux data centers s’inscrit dans un objectif français de « zéro artificialisation nette » d’ici 2050. Face à ces différents impacts, l’Ademe fait plusieurs recommandations : implanter les nouveaux data centers dans des friches urbaines par exemple, ou encore valoriser la chaleur issue des serveurs pour « chauffer une piscine, une résidence ou autre établissement voisin ou alimenter un réseau de chaleur », illustre l’étude. 

Des métaux qui vont se raréfier et difficiles à recycler

La seconde étude s’intéresse à la consommation et l’utilisation de 25 métaux pour les équipements numériques (ordinateurs portables, tablettes, smartphone, téléviseurs, consoles, objets connectés ou encore box internet). L’étude note, dans un premier temps, « la grande opacité » entourant la composition de ces équipements. Elle signale également que l’extraction des métaux est fortement concentrée « dans certains pays, en particulier la Chine », qui est « le premier producteur mondial de 15 des 25 métaux considérés dans l’étude, et en situation de quasi-monopole pour 7 d’entre eux. »

Face à la hausse du nombre d’équipements, l’Ademe alerte aussi sur la baisse de disponibilité de certains métaux à l’avenir. « L’étain, l’argent, le ruthénium, le nickel et l’antimoine sont jugés comme particulièrement critiques », écrit l’agence, après avoir évalué la demande future de ces métaux, la longévité des réserves ou encore les risques géopolitiques liés à leur approvisionnement. L’Ademe déplore enfin le faible niveau des capacités de recyclage : « Pour la moitié des métaux étudiés, la présente étude montre qu’il n’existe pas de filière de recyclage à échelle industrielle en France et dans l’Union européenne ».

Face à ces multiples enjeux, l’Agence de la transition écologique invite à « réduire » les impacts environnementaux du secteur, « en faisant en sorte que les outils numériques, quelle que soit leur finalité, soient conçus pour limiter l’empreinte de leur fabrication, mais aussi en veillant à s’interroger sur leurs usages, dans une démarche de sobriété ». 

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