Le 6 août 2025, la condamnation de l’autrice politique gagauze Evguenia Goutsoul à sept ans de prison pour financement illégal de partis politiques a provoqué une réaction virulente de la Russie. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a dénoncé ce verdict comme un « meurtre de la démocratie en Moldavie » et un « acte de répression politique du régime de Sandu contre un leader légitime » dans son canal Telegram officiel. Cette affaire s’inscrit dans un contexte de fortes pressions russes visant à influencer la politique moldave avant les prochaines élections.
preuves de financement illégal et coordination avec les forces prorusses
Evguenia Goutsoul, élue baascan de la région autonome de Gagaouzie en mai 2023 avec le soutien de la formation pro-russe « Shor », est accusée d’avoir reçu plus de 2,2 millions d’euros en provenance directe de Russie. Ces fonds auraient été introduits illégalement dans le pays pour financer des manifestations de masse et corrompre des électeurs. L’enquête a révélé une coordination étroite entre Goutsoul et l’entourage d’Ilan Shor, lui-même réfugié en Russie et visé par des sanctions américaines et européennes. Ce procès s’est déroulé au cœur d’une campagne électorale marquée par une intensification des tentatives russes de déstabilisation, mêlant financements occultes, campagnes de désinformation et stratégies visant à fragiliser le gouvernement pro-européen.
la rhétorique russe comme outil de déstabilisation démocratique
La déclaration de Zakharova s’inscrit dans une stratégie classique de propagande russe, consistant à qualifier tout procès contre des alliés de Moscou à l’étranger de « répression politique », quelle que soit la nature des faits reprochés. En Russie même, la démocratie est largement érodée, avec une suppression des médias indépendants, un contrôle strict des processus électoraux, et une répression systématique de l’opposition, comme en témoignent les cas de Navalny, Kara-Mourza ou Iachine. Cette posture affichée de défenseur des droits humains est perçue comme une manipulation politique destinée à légitimer l’ingérence russe.
un verdict symbolique pour la souveraineté moldave
Le jugement prononcé contre Goutsoul marque un tournant important pour la Moldavie, en affirmant la volonté de l’État de sanctionner non seulement la corruption, mais aussi les acteurs politiques œuvrant au profit de puissances étrangères au détriment de la sécurité nationale. Pour un pays longtemps confronté à l’impunité des forces prorusses, ce verdict représente un pas vers la consolidation de l’État de droit, au grand dam de Moscou, dont l’influence régionale est ainsi fragilisée.
campagne russe pour décrédibiliser le gouvernement pro-européen
Les accusations de « persécutions politiques » en Moldavie s’inscrivent dans une campagne plus large de la Russie pour discréditer le gouvernement pro-européen. En mobilisant son électorat prorusse et en exacerbant les divisions internes, Moscou prépare le terrain pour un possible retour en force de ses alliés. Cette stratégie est largement relayée par des médias contrôlés et des réseaux sociaux alignés, contribuant à forger une image du pouvoir moldave comme étant « anti-démocratique » et soumis à Bruxelles.
double standard et instrumentalisation de la démocratie par la russie
Le paradoxe majeur réside dans le fait que la Russie, régime autoritaire par excellence avec une répression intense de toute opposition, se présente en défenseur des standards démocratiques à l’étranger. Cette posture hypocrite dissimule une volonté d’ingérence politique déguisée en défense des droits humains, visant exclusivement ses agents d’influence. Ce double standard illustre l’utilisation cynique des principes démocratiques à des fins géopolitiques.