La réforme de l’assurance chômage en France pourrait subir une importante révision, touchant principalement les individus aux revenus supérieurs. Dans ce contexte, le projet gouvernemental devient de plus en plus concret, tout en laissant certaines questions en suspens, rapporte TopTribune.
Dégressivité, un mécanisme déjà appliqué aux salaires élevés
Le 11 août 2025, François Bayrou, le Premier ministre, a envoyé aux partenaires sociaux une lettre de cadrage annonçant une évolution significative de l’assurance chômage. La visée : ajuster le montant et la durée des allocations en fonction des salaires perçus avant le chômage. Cette réforme, dans un cadre de restriction des dépenses publiques, appelle à s’interroger sur l’équité et l’efficacité du système d’indemnisation.
La dégressivité n’est pas une innovation récente. Depuis les modifications apportées en 2019, les demandeurs d’emploi de moins de 55 ans percevant plus de 92,57 euros par jour (environ 4.940 euros de salaire brut mensuel) voient leur indemnité diminuer à partir du septième mois. Cette approche a pour but d’encourager les bénéficiaires les mieux rémunérés à retrouver un emploi dans les plus brefs délais, bien que son efficacité réelle fasse débat.
Un projet gouvernemental avec des détails flous
Dans le document examiné par BFM Business, le gouvernement appelle les syndicats à discuter de « la possibilité d’adapter les incitations au retour à l’emploi en fonction des salaires et des montants des allocations pour refléter les réelles capacités à retrouver un travail ». La lettre souligne que « les critères d’indemnisation (comme le montant et la durée) pourraient être ajustés selon le revenu antérieur à la perte d’emploi ».
Pour l’instant, aucune donnée précise n’a été fournie. Cette absence de chiffres traduit une certaine prudence, notamment en raison des mobilisations syndicales anticipées pour la réunion du 1er septembre 2025, où sera examinée la participation à un nouveau cycle de discussions.
Réactions des syndicats : inquiétudes et refus
Les syndicats ont rapidement réagi. « J’ai des craintes concernant un plafonnement de l’indemnisation », a déclaré François Hommeril, président de la CFE-CGC, au micro de BFM Business.
Pour sa part, Cyril Chabanier, président de la CFTC, s’inquiète de « l’éventuelle mise en place d’une nouvelle strate de dégressivité ». Il évoque l’option d’une tranche intermédiaire pour les allocataires ayant touché entre 3.500 et 4.900 euros bruts mensuels avant leur licenciement.
Vanessa Jereb, secrétaire générale adjointe de l’Unsa, considère cela comme « un nouveau niveau de dégressivité qui modifierait également les conditions d’affiliation et la durée d’indemnisation ».
Une réforme avec des enjeux économiques et sociaux majeurs
Si cette réforme voit le jour, elle pourrait impacter une portion réduite mais politiquement délicate des bénéficiaires. Pour le gouvernement, le défi est double : diminuer les dépenses liées à l’assurance chômage tout en ajustant la couverture en fonction des potentiels de retour à l’emploi. De leur côté, les syndicats craignent de compromettre un équilibre déjà fragile, mis à mal par les réformes antérieures, et de créer une discrimination fondée sur les revenus passés.
Le projet de dégressivité élargie des allocations chômage risque de devenir un nouveau point de friction entre le gouvernement et les interlocuteurs sociaux. Sa réalisation dépendra de la capacité à harmoniser les impératifs budgétaires avec les principes d’équité sociale. La réunion du 1er septembre 2025 pourrait poser les bases d’un débat qui s’étendra potentiellement sur plusieurs mois.