Première scission au sein de la gauche ? Alors que ses membres, du PS aux Écologistes, s’étaient réunis samedi à Trappes pour défendre une candidature commune, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve et le leader de Place publique Raphaël Glucksmann ont tenu, le lendemain, leur propre rassemblement à Pontoise, dans le Val-d’Oise, visant à renforcer le mouvement social-démocrate en prévision de l’élection présidentielle de 2027, rapporte TopTribune.
Les deux hommes ont articulé les grandes lignes de leur vision politique, s’opposant à la primaire prônée par la gauche « unitaire ». « Aujourd’hui, la priorité c’est de reconstituer une force de gauche de gouvernement. J’appelle Olivier Faure à la reconstituer avec nous tous », a déclaré Cazeneuve.
« Nous n’avons plus le droit de jouer »
Raphaël Glucksmann a quant à lui souligné que leur rencontre représentait « qu’un début » de conversation entre leur mouvement et celui de Cazeneuve. « Nous n’avons plus le droit de jouer. Rien ne nous garantit que dans un, deux ou trois ans, nous vivrons encore dans un continent en paix et en démocratie », a-t-il averti.
Bien que les membres du PS, notamment les unitaires, incitent Glucksmann à rejoindre leur groupe, ce dernier a systématiquement refusé, préférant répondre à l’invitation de Cazeneuve. L’événement a également vu la participation de l’ancien président François Hollande et de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, et a été présenté comme un rassemblement de « la gauche réformiste » face à la montée de l’extrême droite.
Glucksmann pour « incarner » la gauche
Malgré ses positions rapprochées, Raphaël Glucksmann avait jusqu’ici évité de s’associer à Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS en 2022 pour fonder son mouvement « La Convention ». Cazeneuve, pourtant, a multiplié les appels à unir les sociaux-démocrates et a proposé une fusion avec Place publique, tentatives qui sont restées lettre morte jusqu’à présent.
Ce dimanche, bien que « ça bouge », la fusion n’est « pas à l’ordre du jour », a tempéré l’entourage de Glucksmann, même si Cazeneuve a loué le potentiel de Glucksmann : « Raphaël a du talent. Il peut incarner cette candidature pour 2027, comme d’autres. »
Un appel au rassemblement de la gauche
La perspective d’une telle alliance suscite déjà des critiques. La présence de Glucksmann aux côtés de Cazeneuve et Hollande a été interprétée comme un éloignement du cœur de la gauche. « Cela dit quelque chose de sa ligne. Il n’a pas choisi le cœur de la gauche », a commenté la députée ex-Insoumise, Clémentine Autain, qui faisait partie des « unitaires » présents à Trappes la veille.
Olivier Faure, le patron des socialistes, a, de manière implicite, reconnu le droit de Glucksmann à suivre son propre chemin : « Il a le droit de vouloir incarner ce qu’il veut, si ça lui convient le mieux. » François Hollande, de son côté, a appelé à un rassemblement, soulignant la nécessité d’une unité pour gagner en 2027 : « Il faudra qu’on soit au complet la prochaine fois pour gagner en 2027 », dans une invitation tacite à Olivier Faure.