Basket : de l'attraction à la confirmation, comment l'ovni Victor Wembanyama a réussi son atterrissage en NBA
Basket : de l'attraction à la confirmation, comment l'ovni Victor Wembanyama a réussi son atterrissage en NBA

Basket : de l’attraction à la confirmation, comment l’ovni Victor Wembanyama a réussi son atterrissage en NBA

15.04.2024
6 min de lecture

Victor Wembanyama vient de conclure sa première saison en NBA avec les San Antonio Spurs, multipliant les exploits individuels malgré des résultats collectifs encore très perfectibles.

La folie de sa grandeur. Victor Wembanyama en a fini de sa première saison en NBA, celles de toutes les attentes à la suite de son statut de premier Français retenu comme choix numéro 1 de la draft, la sélection annuelle des meilleurs espoirs de la planète basket.

Wembanyama a fait mieux que répondre présent, au terme d’un exercice riche en moments forts et en expériences. De l’effervescence de ses débuts à des dernières semaines en apothéose, retour sur une année qui l’a fait passer d’une curiosité à suivre à un phénomène immanquable outre-Atlantique.

La folie et les flashs

La comète « Wemby » avait déjà écrasé le championnat de France l’an passé, raflant toutes les récompenses individuelles et portant les Metropolitans de Boulogne-Levallois en finale de la Betclic Elite. Ce n’était pourtant rien à côté de ce qui allait l’attendre à San Antonio à partir du 22 juin, date à laquelle les Spurs l’ont officiellement choisi. Dans la ville texane, le Tricolore est attendu comme le messie, un porteur d’espoirs aussi démesurés que son envergure de 2,43m.

Son premier match de pré-saison, des rencontres d’ordinaire assez confidentielles, fait salle comble. Sa première soirée dans le grand monde concentre toutes les attentions. Contre Dallas le 25 octobre, Victor Wembanyama passe le plus clair de son match gêné par les fautes, avant de dévoiler un concentré de son talent dans le dernier quart-temps. L’échantillon est court, le temps nécessaire pour en confirmer la qualité aussi.

Le premier coup de chaud à Phoenix

Wembanyama n’a besoin que de cinq matchs pour ébahir. Son physique hors-norme et son jeu loin des stéréotypes des joueurs de son gabarit en avaient fait une curiosité. Son match chez les Phoenix Suns, un des favoris au titre cette saison, en fait une sensation. Contre l’équipe de son idole Kevin Durant, il inscrit 38 points, assortis de 10 rebonds et d’une fin de match décisive pour arracher la victoire. « Je ne vois personne comme lui en NBA, s’enthousiasme alors Durant. Il est unique. Il va créer sa propre histoire.« 

« C’est là que toute l’Amérique se rend compte que le gamin va les faire suer pendant 15 ans, se remémore avec sourire Théo Quintard, journaliste français installé à San Antonio et qui a suivi la saison de l’international tricolore. Comme il n’est pas Américain, il y avait toujours une sorte de réticence, notamment de la part des grandes chaînes de télévision qui diffusent les matchs. Ils ne savaient même pas trop comment l’appeler.« 

On n’y reprendra plus le commentateur des Suns, qui l’avait nommé Victor Wembanyana plusieurs fois dans la rencontre. « Wemby » se fait un nom et une réputation. « C’était un peu un acte de naissance en NBA, estime Théo Quintard. Lui voyait les choses autrement et avait répondu : ‘Peut-être que si je reste à ce niveau de performance, on pourra considérer cela comme un début d’acte de naissance.’« 

Les chiffres, eux, en disent long sur la portée de son exploit : aucun joueur dans sa première saison n’avait compilé autant de points, de rebonds et de contres lors de ses cinq premières sorties depuis la légende Shaquille O’Neal, 32 ans plus tôt.

Les clics et les claques

Dans le sillage de leur nouvelle vedette, les Spurs signent un début de saison surprenant avec trois victoires en cinq matchs. Le retour sur terre entre début novembre et mi-décembre est brutal, en particulier pour Victor Wembanyama. Féroce compétiteur dans l’âme et habitué à jouer pour des équipes performantes, il découvre la médiocrité.

Rien d’étonnant pour San Antonio, qui a pu mettre la main sur le Français grâce à ses mauvais résultats de la saison précédente. L’intérieur, lui, encaisse le coup et la prudence de sa formation, très précautionneuse de son joyau. « Je n’ai jamais eu autant faim de victoire et de compétition, mais j’ai appris à passer au-dessus de la frustration des limitations de minutes« , assure Wembanyama en conférence de presse le 7 janvier.

Les Spurs enchaînent une série de 18 revers consécutifs. Wembanyama passe sa crispation en enchaînant les prestations d’éclat, entre actions qui affolent les réseaux sociaux et records de précocité. « Quand il dit ‘J’ai la responsabilité des fans et de la franchise’, Victor Wembanyama est convaincu à 2000% de ce qu’il dit, et il le fait, assure Théo Quintard. Marquer l’histoire, ça l’anime.« 

Le changement de poste salvateur

Performant mais perdant, Victor Wembanyama vit un tournant dans sa découverte de la NBA le 8 décembre. Ce soir-là, contre les Bulls de Chicago, l’entraîneur des Spurs, Gregg Popovich, tente un coup en décalant son protégé du poste d’ailier-fort à celui, plus central, de pivot.

Victor Wembanyama a encore les épaules frêles par rapport à certains mastodontes de la ligue à ce poste. Mais, plus proche du panier, sa capacité à défendre le cercle par sa taille et à attirer les défenses pour libérer ses coéquipiers en attaque fait merveille.

Pour sa première dans ce nouveau rôle, il inscrit 21 points et gobe 20 rebonds, devenant le plus jeune joueur de l’histoire à signer pareille ligne statistique, à 19 ans et 338 jours. Tous ses chiffres individuels progressent dans la foulée de ce match référence.

Et San Antonio met enfin un terme à sa spirale de défaites quelques jours plus tard, contre les Los Angeles Lakers de LeBron James en personne. « On adore tous ce sentiment de victoire, on va bosser comme des fous pour revivre ça, s’extasie le Français en conférence de presse d’après-match. C’est ce à quoi je suis accro, ce que j’aime le plus et ce pour quoi je vis.« 

La nouvelle dimension

Les prestations collectives et les résultats des Spurs sont encore inégaux. Mais Victor Wembanyama est lancé pour de bon. D’abord mis en comparaison avec un autre joueur « rookie » (dans sa première saison professionnelle), l’Américain Chet Holmgren, le natif du Chesnay (Yvelines) finit par s’imposer dans une classe à part en 2024 pour mettre définitivement son rival dans le rétroviseur.

« Il apprend hyper vite, il a un temps d’avance sur tout le monde. Même Gregg Popovich a dit plusieurs fois qu’il avait dépassé ses attentes. La courbe qu’a Victor en 2024, c’est incroyable« , résume Théo Quintard.

Wembanyama est une des attractions principales du week-end du All-Star Game en février, grand-messe de la mi-saison tant sportive que d’estime. Il n’est plus seulement un grand espoir, il est une star à part entière.

Fin janvier, son maillot est le quatrième plus vendu aux Etats-Unis. Et ce n’est qu’un début, alors que sa limite de 24 minutes par match finit par être levée. Il signe un triple-double – trois catégories statistiques à dix unités ou plus – dingue le 12 février avec dix contres à Toronto, ce que seuls trois joueurs dans les annales de la NBA avaient réussi à faire dans leur première saison.

Deux semaines plus tard, le 23 février, il est le 16e joueur de l’histoire mais aussi le plus jeune à réaliser un five-by-five (cinq unités dans cinq catégories statistiques) : 27 points, 10 rebonds, 8 passes décisives, 5 contres et 5 interceptions contre les Lakers.

« Ce gosse est SPECIAL« , hallucine LeBron James. « Ça en devient difficile de se détacher du sujet en tant que journaliste, de savoir où on met la barre sur ce qui est un bon ou un mauvais match. Il progresse si vite que les exigences à son encontre suivent la même courbe, explique Théo Quintard. C’est dur de l’humaniser. » Son équipementier Nike surfe sur la vague, avec une griffe personnalisée et un logo façon visage d’alien comme l’avait surnommé LeBron James en octobre 2022.

La taille patron

Les derniers éventuels sceptiques sont conquis. On ne parle plus seulement de Victor Wembanyama pour être meilleur débutant de l’année, mais carrément pour le titre de défenseur de la saison, ce qu’aucun rookie n’a jamais réussi. Les Spurs n’amassent qu’une vingtaine de victoires en 82 matchs, mais ils ont entamé leur reconstruction avec Wembanyama comme pilier.

« Ca a changé le visage de la ville entière au-delà des Spurs. L’aura de Victor Wembanyama dépasse le cadre sportif, c’est déjà plus qu’un basketteur. Il a redonné espoir aux gens. »Théo Quintard, correspondant à San Antonio

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L’adhésion est totale pour le joueur autant que pour le personnage Wembanyama, d’un calme presque déroutant quand tout autour de lui n’est que frénésie à son égard. « On est passé d’un potentiel à se demander s’il est dans les 20, 15, voire 10 meilleurs joueurs NBA », synthétise Théo Quintard.

Sa fin de saison le voit empiler de nouveaux cartons, le plus mémorable contre New York, (40 points et 20 rebonds), victoire en prime et signe des progrès de son équipe. Gagner davantage sera désormais le prochain chapitre que Victor Wembanyama cherchera à écrire.

Source: franceinfo

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