Au salon du Bourget, Marine Le Pen et Jordan Bardella renforcent leur alliance pour minimiser les tensions au sein du RN.

Au salon du Bourget, Marine Le Pen et Jordan Bardella renforcent leur alliance pour minimiser les tensions au sein du RN.

20.06.2025
3 min de lecture

Le duo à la tête du Rassemblement national a récemment visité le Salon international de l’aéronautique et de l’espace. Un cadre du parti d’extrême droite a admis : « C’était une belle opportunité de les mettre en avant ensemble », rapporte TopTribune.

Avec une certaine prudence, Jordan Bardella a pris place dans le cockpit d’un avion de chasse de Dassault. Sur le tarmac du salon, Marine Le Pen a plaisanté : « J’aimerais savoir si mon Premier ministre s’installe mieux dans le Rafale que l’actuel. » Cet avertissement à François Bayrou, le chef du gouvernement, qui s’était assis dans le même siège la veille, souligne qu’elle demeure le plan A de son parti pour la présidentielle de 2027.

Exposant leurs actions sous un soleil éclatant et devant une multitude de journalistes, le président du Rassemblement national et la responsable du groupe RN à l’Assemblée souhaitaient détourner l’attention des turbulences récentes du parti, notamment la condamnation de Marine à cinq ans d’inéligibilité immédiate dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national.

Alors qu’elle attend son procès en appel, prévu avant l’été 2026, l’incertitude autour de sa candidature en 2027 booste les spéculations concernant une rivalité interne avec son successeur apparent. Celui-ci a été le seul candidat du RN sondé pour la prochaine présidentielle. Des déclarations récentes des deux figures du parti ont d’ailleurs semé le doute.

Lors d’une visite à Nouméa fin mai, Marine Le Pen a ainsi minimisé la connaissance des affaires ultramarines de son successeur, RTL, tandis que Jordan Bardella a défendu son expertise. En plaidant pour une élection présidentielle anticipée en cas de censure du gouvernement Bayrou, il a suscité l’inquiétude parmi les proches de Le Pen, car cette dernière ne pourrait pas se présenter à un tel scrutin sans avoir levé son inéligibilité.

Pour maintenir leur image unie, le Rassemblement national réserve des mises en scène pour renforcer ce rapport, comme ce fut le cas lors d’un meeting le 9 juin ou lors de cette récente apparition au salon. « Les deux avaient envie d’y aller, et c’était l’occasion de les voir ensemble, surtout dans un context d’enjeux majeurs », a affirmé l’entourage de Bardella.

« Cela leur fait plaisir d’y aller ensemble et cela donne lieu à de belles photos. »

Un conseiller de Marine Le Pen

à franceinfo

« Nous allions mélanger l’utile à l’agréable, car c’est un événement crucial pour nous », a ajouté un proche impliqué dans l’organisation de cette visite conjointe. Devant les caméras, le binôme semblait conserver une cohésion inébranlable, posant sourires aux lèvres devant un moteur d’avion.

Ce déplacement au salon du Bourget également sert à promouvoir leur stature régalienne et leur capacité à gouverner ensemble, dans un contexte international délicat. Sur le plan des idées, le Rassemblement national prône une augmentation du budget de défense à 3% du PIB, tout en insistant sur des mesures favorisant l’industrie. Dans ce cadre, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont su faire preuve d’unité.

La succession complexe au sein du mouvement pourrait cependant perturber leur agenda. Tandis qu’ils sont désignés comme interchangeables pour rassurer les électeurs, les deux leaders intensifient leurs déplacements à l’international pour asseoir leur image présidentielle. « Nous présentons un binôme inédit, ce qui représente une force en période d’incertitude; peu importe le scénario, ce duo subsistera », indique Alexandre Loubet, député RN de Moselle.

« Nous formons Jordan, nous développons sa stature internationale, mais il n’y a aucune volonté d’écarter Marine Le Pen et tout ce qui est fait servira à Matignon. »

Alexandre Loubet, député de Moselle

à franceinfo

Officiellement, tous s’accordent à dire au RN que Marine Le Pen est bien la « candidate naturelle ». Lors de leur visite, elle ne s’est pas gênée d’appeler plusieurs fois Jordan Bardella « mon Premier ministre ». De plus, c’est elle qui a pris la parole lors d’un point presse sur les relations internationales et le conflit Israël-Iran, tandis que son successeur demeurait silencieux.

En coulisses, néanmoins, l’inquiétude grandit chez les partisans de Marine Le Pen, quand ils voient le camp Bardella prendre de l’ampleur depuis le procès, dont il s’est par ailleurs soigneusement tenu à l’écart.

« Chaque déclaration est scrutée à la loupe. »

Un proche de Jordan Bardella

à franceinfo

« Ce n’est pas du tout confortable pour lui, tout ce qu’il dit peut être utilisé contre lui; il est dans une position difficile », avoue un conseiller de Marine Le Pen. « Il lui serait judicieux de ne pas se retirer et de continuer à bâtir son image d’homme d’État. »

Ce contexte pourrait rendre le temps long pour le duo, contraint à jouer de son interchangeabilité jusqu’au procès. « Nous continuons de véhiculer une image de stabilité, afin de plaire à notre base, mais celle-ci attend de savoir qui sera le candidat. » Un ami de la famille Le Pen s’inquiète de la situation : « L’attente risque d’être longue, et cette incertitude n’est pas favorable pour le RN, comme le témoignent les derniers résultats électoraux. »

Marine Le Pen, légèrement exaspérée, a d’ailleurs répondu aux journalistes sur ses relations avec Bardella, alors qu’elle se trouvait près d’un avion de chasse en démarrage : « C’est un ami, je lui ai demandé de faire des allers-retours! »

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