Un anniversaire sans éclat. Le 23 décembre, François Bayrou a présenté son gouvernement. Bien qu’on ait prédit une espérance de vie limitée, le maire de Pau et ses ministres demeurent au pouvoir six mois plus tard. Quel est le bilan de cette période ? « Ce sont six mois perdus pour la démocratie », déclare le député insoumis Eric Coquerel. La critique de la gauche envers l’action du Premier ministre n’est pas surprenante. Mais qu’en pense le bloc central, censé soutenir ce même gouvernement ?, rapporte TopTribune.
La stabilité avant tout
« Nous avons toujours prôné la stabilité, il était essentiel d’avoir un gouvernement qui perdure. Le vote du budget n’est pas anodin, car plusieurs incertitudes et attentes pèsent sur le monde économique », souligne Paul Christophe, à la tête du groupe des députés Horizons. En établissant un accord informel avec les socialistes, François Bayrou a évité la censure sur les textes budgétaires en février, réussissant là où son prédécesseur, Michel Barnier, avait échoué. C’est cette réussite qui est principalement saluée par le camp central.
« La valeur de ces six mois réside dans la stabilité », confirme Mathieu Lefèvre, député Renaissance du Val-de-Marne. « François Bayrou fait ce qu’il peut. Les réformes nécessaires pour le pays exigeraient une légitimité démocratique, et il en possède peu… », ajoute-t-il. « Il est impossible d’attendre de grandes réformes d’ici la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron. Il faut une légitimité démocratique et un exécutif robuste, deux éléments absents aujourd’hui », abonde Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes.
Un manque de vision
« Le budget constitue une réussite indispensable pour le pays, mais cela ne relève pas d’un enthousiasme débordant. L’ambiance est plutôt morose », nuance Xavier Albertini, député Horizons. « Le gouvernement ne propose pas de nouveaux textes de loi, laissant les parlementaires gérer la situation. Chacun défend ses propres idées, sans que l’on perçoive une direction claire », soupire l’élu de la Marne. « Il y a un flou colossal sur les objectifs, et un sentiment que rien n’avance. Nous avons voté le budget, mais au détriment du déficit. Depuis lors, une série de textes n’aboutissent pas ou manquent de clarté », renchérit une élue Renaissance.
Le texte sur la fin de vie a été adopté à l’Assemblée nationale, mais il était en préparation depuis des mois et doit maintenant être examiné par le Sénat. Les députés ont également validé un projet de loi de « simplification » mardi, incluant la mesure controversée d’abrogation des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Toutefois, cette avancée est survenue après trois mois d’examens désorganisés en raison de nombreux reports, et des divisions au sein du bloc central. « Nous sommes plutôt désabusés et résignés. Certaines idées émergent, mais il est difficile de voir comment elles seront mises en œuvre. En ce qui concerne la question migratoire, le référendum budgétaire… Qui se rappelle encore du débat sur l’identité française ? Rien ne se concrétise, et les problèmes des Français demeurent non résolus », déplore une ancienne ministre du gouvernement Barnier. « Nous avons accepté l’idée que la vraie prochaine étape sera le budget 2026 », ajoute-t-elle.
Un conclave comme cadeau ?
Naturellement, le gouvernement est limité par l’absence de majorité à l’Assemblée, comme le souligne Eléonore Caroit. « Nous pouvons toujours déplorer cette situation, mais nous avançons avec les moyens dont nous disposons. Nous avons réussi à faire adopter des textes, grâce au soutien de la droite et de la gauche », défend la députée Renaissance des Français établis en Amérique latine et aux Caraïbes. Le conclave concernant la réforme des retraites, devant se conclure ce lundi après quatre mois de discussions, pourrait déboucher sur un compromis entre les partenaires sociaux.
« Ce nouveau format, en dehors du champ médiatique, a permis d’achever la démarche. Dans un environnement politique si tendu, c’est significatif », apprécie Erwan Balanant, député MoDem du Finistère. Reste à voir si des résultats concrets en découleront. Pour ses six mois de gouvernance, François Bayrou espère bien obtenir ce cadeau.