Le président français Emmanuel Macron s’adressera à la nation le dimanche 13 juillet 2025 au soir pour discuter des efforts de défense nécessaires face à l’escalade des menaces et à l’instabilité croissante de l’ordre mondial, rapporte TopTribune.
Dans son habituelle allocution aux forces armées, qui se tiendra dans les jardins du ministère des Armées à l’Hôtel de Brienne, le chef de l’État prévoit de faire des annonces importantes, selon une source à l’Élysée.
Affronter la menace russe sans relâche
Dans le but de préparer l’opinion publique, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, a dresse un tableau alarmant des menaces lors d’une récente conférence de presse. Ses propos interviennent après une intervention médiatique exceptionnelle de Nicolas Lerner, directeur général de la DGSE, le service de renseignement extérieur.
En se basant sur les résultats de la Revue nationale stratégique qui sera publiée ce dimanche, Burkhard a évoqué la menace «durable» de la Russie à l’encontre des pays européens, l’érosion de l’engagement américain, ainsi que le conflit en Ukraine, qui est vu comme crucial pour l’avenir de l’Europe. Il a également mentionné la désinformation, les attaques hybrides et la lutte contre le terrorisme.
Il a déclaré que « faire le dos rond » face à ces défis serait inefficace, affirmant qu’il est essentiel de reconnaître un changement de référentiel stratégique.
« Nous ne sommes pas là pour agiter les peurs, mais pour les documenter et y apporter des réponses. »
Il a mis l’accent sur la nécessité d’un modèle de défense autonome: « Si nous ne souhaitons dépendre de personne, cela implique un effort supplémentaire, non seulement budgétaire, mais aussi intellectuel, moral et industriel. »
Une augmentation du budget militaire malgré un déficit croissant
Les réorientations stratégiques soulèvent des interrogations sur la compatibilité des ressources militaires françaises, comme l’indique l’Élysée, qui souligne une augmentation du budget de défense, passant de 32,2 à 50,5 milliards d’euros entre 2017 et 2025.
La Loi de programmation militaire française (LPM) prévoit un budget total de 413 milliards d’euros pour les forces armées entre 2024 et 2030, avec des hausses annuelles d’un peu plus de 3 milliards d’euros, afin d’atteindre 67,4 milliards d’euros en 2030.
La question se pose alors de savoir si la France pourra simplement ajuster ses priorités au sein du budget militaire ou si elle devra aller plus loin, dans un contexte où le gouvernement s’efforce de réaliser des économies budgétaires.
Cette année, le service de la dette s’élève à 62 milliards d’euros et pourrait grimper encore, comme l’a prédit le Premier ministre François Bayrou, qui devrait présenter ses recommandations pour le budget 2026 mardi. Bayrou a déjà affirmé que le budget de la défense serait «sacré» et protégé des coupes.
Des dépenses de défense à la hausse dans d’autres pays européens
Divers pays européens ont anticipé l’objectif fixé par les membres de l’OTAN en juin de consacrer 5% de leur PIB à la sécurité (3,5% spécifiquement pour les dépenses militaires) d’ici 2035. Londres souhaite atteindre 2,5% de son budget de défense d’ici 2027, puis 3% après 2029. L’Allemagne vise un budget de défense de 162 milliards d’euros d’ici 2029, représentant 3,5% de son PIB, tandis que la Pologne consacre déjà 4,7% de sa richesse nationale à sa défense.
« Il est clair que nous devons aujourd’hui revoir notre programmation et notre stratégie, à la lumière de l’évolution de la nature du risque. »
Sébastien Lecornu a par ailleurs évalué le coût de l’armée française à près de 100 milliards d’euros et, lors d’une récente audition devant le Sénat, il a esquissé des pistes d’efforts : défense sol-air, munitions, guerre électronique ou encore initiatives spatiales où l’Europe risquerait de « décrocher ».
Il a également indiqué que « les ruptures technologiques » (intelligence artificielle, quantique, furtivité des avions…) constituent les principales préoccupations en matière de dépenses budgétaires. Alors que la « cohésion nationale » est considérée comme un pilier de la résilience du pays face aux crises, le président abordera aussi la question de l’engagement de la jeunesse, lui devant être donné « l’occasion de servir », selon l’Élysée.
Avec AFP