Les services de l’ancien chef d’Etat ont précisé dimanche que le démocrate de 82 ans présente des « métastases osseuses » et qu’il évalue, avec sa famille et ses médecins, « les options de traitement ».
C’est un diagnostic redouté par des millions d’hommes. L’ancien président des Etats-Unis Joe Biden est atteint d’une forme « agressive » du cancer de la prostate, ont annoncé ses services, dimanche 18 mai. Au fil de son mandat débuté en 2021, les inquiétudes sur l’état de santé du démocrate de 82 ans ont été grandissantes, le poussant finalement, en pleine campagne, à renoncer à se représenter à la Maison Blanche pour céder la place à son ancienne vice-présidente, Kamala Harris. Un livre-enquête doit d’ailleurs paraître mardi, racontant par le menu son lent déclin physique et cognitif au fil de sa présidence. Voici ce que l’on sait sur cette annonce et son contexte politique.
Une maladie diagnostiquée à un stade avancé
Le diagnostic sur sa maladie a été effectué vendredi, après que Joe Biden a signalé des symptômes urinaires qui ont conduit les médecins à découvrir un « petit nodule » sur sa prostate, selon un communiqué transmis par ses services. Son cancer est de niveau 9 sur le score de Gleason, qui évalue les niveaux d’agressivité de cancers de la prostate sur une échelle allant jusqu’à 10, précise ce même document. Soit « la forme la plus agressive de cancer de la prostate », explique Benjamin Davies, professeur d’oncologie urologique au centre médical de l’université de Pittsburgh, à la chaîne américaine CNN.
Selon ses services, Joe Biden présente des « métastases osseuses », ce qui signifie que les cellules cancéreuses fabriquées au niveau de la prostate sont allées se loger dans d’autres organes, en l’occurrence ses os. « Bien que cela représente une forme plus agressive de la maladie, le cancer semble être hormonodépendant, ce qui permet une gestion effective » de la maladie, a précisé le bureau de Joe Biden dans son communiqué. Ces types de cancers ont besoin d’androgène, une hormone masculine, pour se propager, et cessent de croître lorsque celle-ci est absente, explique l’Institut national du cancer aux Etats-Unis.
Malgré la gravité du diagnostic, les hommes dont le cancer de la prostate s’est propagé aux os « peuvent vivre cinq, sept, dix ans, voire plus » avec les traitements actuels, assure auprès du New York Times Judd Moul, spécialiste du cancer de la prostate à l’université de Duke (Caroline du Nord). Ainsi, un octogénaire comme Joe Biden « pourrait, avec un peu de chance, mourir de causes naturelles et non d’un cancer de la prostate », affirme-t-il.
« Le président et sa famille évaluent les options de traitement avec ses médecins », explique le communiqué. A ce jour, il existe plusieurs traitements pour venir à bout de cette maladie, comme l’hormonothérapie, permettant de faire baisser le taux de testostérone, explique l’institut de lutte contre le cancer Gustave-Roussy. Ce remède peut être administré par injection ou par comprimés.
Le cancer le plus courant chez les hommes
Le cancer de la prostate, une glande masculine dont la fonction principale est de produire un liquide qui entre dans la composition du sperme, est le plus courant chez les hommes et représente 15% de l’ensemble des cancers masculins. Cette maladie est principalement due au vieillissement, rappelle l’Assurance-maladie, ajoutant que les antécédents familiaux et génétiques, ainsi que l’exposition aux pesticides, en particulier au chlordécone, font également partie des facteurs de risques de développer la maladie.
« Bien qu’il s’agisse d’une maladie à laquelle on peut tout à fait survivre lorsqu’elle est détectée à un stade précoce, c’est la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes. La détection précoce est essentielle », souligne la Société américaine de cancérologie, rappelant que l’ancien président avait beaucoup œuvré pour la lutte contre cette maladie. Lors de son mandat, il avait lancé une grande initiative de recherche et de financement « pour guérir les cancers une bonne fois pour toutes » avec pour objectif de réduire la mortalité liée à cette maladie de 50% en 25 ans.
De nouvelles révélations sur l’état de santé de l’ex-président attendues mardi
La santé de Joe Biden était une question politique depuis longtemps, au point que Donald Trump avait pris l’habitude de le surnommer « Sleepy Joe » (« Joe l’endormi »). Mais ce débat, et celui sur le déclin progressif du démocrate lors de son mandat, ont été remis en lumière samedi avec la publication d’une bande sonore datant de 2023 dans laquelle Joe Biden, alors président des Etats-Unis, perd le fil de grandes dates de sa vie. En outre, un livre-enquête des journalistes Jake Tapper et Alex Thompson, qui doit paraître mardi, raconte en outre comment la Maison Blanche a caché au monde les faiblesses grandissantes d’un président qui s’est longtemps accroché à sa tentative de réélection.
De son côté, Joe Biden a récemment nié tout déclin cognitif à la fin de son mandat. Invité de la chaîne de télévision américaine ABC début mai avec son épouse, Jill Biden, l’ex-président avait assuré que « rien » ne permettait de telles affirmations. A ses côtés, l’ex-Première dame avait ajouté : « Les personnes qui ont écrit ces livres n’étaient pas à la Maison Blanche avec nous, et elles n’ont pas vu à quel point Joe travaillait dur chaque jour. Il se levait, passait une journée entière et le soir (…) il était toujours au téléphone, en train de lire ses briefings, de travailler avec le personnel. »
De nombreux messages de soutien
L’annonce de la maladie de l’ancien chef d’Etat n’a pas tardé à faire réagir les principales figures politiques américaines. A commencer par l’actuel président des Etats-Unis, Donald Trump, qui s’est dit « attristé » par cette nouvelle. « Melania et moi (…) envoyons à Jill et à la famille nos meilleurs vœux les plus chaleureux, et nous souhaitons à Joe un rétablissement rapide et réussi », a déclaré le républicain sur sa plateforme Truth Social.
« Joe est un battant et je sais qu’il fera face à ce défi avec la même force, résilience, et optimisme qui ont toujours défini sa vie et son leadership », a quant à elle déclaré sur son compte X Kamala Harris. « Personne n’a fait plus que Joe »en matière de lutte contre le cancer, a de son côté assuré Barack Obama, locataire de la Maison Blanche de 2009 à 2017. « Je suis sûr qu’il relèvera ce défi avec la détermination et l’élégance qui le caractérisent. Nous prions pour une guérison rapide et complète », a-t-il dit à l’attention de celui qui fut son vice-président pendant huit ans.
« J’ai une pensée pour les Biden, qui sont confrontés au cancer, une maladie qu’ils ont tant fait pour essayer d’épargner à d’autres familles. Je vous souhaite un prompt rétablissement », a également écrit l’ancienne Première dame et candidate démocrate Hillary Clinton sur X.