Le réalisateur du document de « Complément d’enquête » sur Nasser al-Khelaifi a dévoilé, sur RMC, des extraits d’une réunion du 14 février sur la crise des droits TV de DAZN.
La crise des droits tv n’en finit plus de faire parler. Des extraits sonores d’une réunion mouvementée entre présidents de Ligue 1, le 14 février dernier, en pleine crise DAZN, ont été dévoilés par Fabien Touati, le réalisateur du numéro de « Complément d’enquête » sur Nasser al-Khelaïfi, sur l’antenne de RMC,(Nouvelle fenêtre) lundi 31 mars. Des extraits qui révèlent notamment l’inquiétude de certains présidents, leurs critiques sur la gouvernance de la Ligue de football professionnel (LFP) et sur la qualité du produit du diffuseur DAZN.
« On est en train de nous conduire à un suicide collectif. Voilà ce que je suis en train de te dire. Et personne ne bouge, personne ne bouge », s’emporte notamment Waldemar Kita, le président du FC Nantes, avant d’ajouter : « Si on n’a pas de plan B, on est morts. »
« Ce sont les seuls au monde qui imaginaient faire 1,5 million d’abonnés avec le produit de daube qu’ils nous livrent »
Plusieurs présidents critiquent notamment la qualité du produit du diffuseur britannique : « DAZN, pourquoi c’est au tribunal ? Parce qu’ils ont fait de la merde depuis le début. Et ils continuent d’en faire. Ils se sont gourés sur leur business plan. Ce sont les seuls au monde qui imaginaient faire 1,5 million d’abonnés avec le produit de daube qu’ils nous livrent », tonne Jean-Michel Roussier, président du Havre. Le président de Lille, Olivier Létang, n’est pas beaucoup plus tendre : « La façon de procéder de DAZN est quand même très, très moyenne. Je suis d’accord que l’on ne peut pas garder un partenaire comme celui-là qui a un produit qui est catastrophique. Et donc il faut se préparer… ».
Dans ces extraits, où l’en entend peu Nasser al-Khelaïfi (PSG) ou Pablo Longoria (OM), les présidents s’interrogent également sur la marche à suivre : « Lorsque le deal avec DAZN a été signé, un certain nombre de présidents, on s’est tout de suite rendu compte que ce deal ne faisait pas de sens. Et qu’on allait à la catastrophe. Et à l’époque on avait demandé, dans mon cas supplié, les gens de la LFP de travailler sur un plan B », martèle Joseph Oughourlian, président du RC Lens. « Mais je pense honnêtement, avec ce qui vient de se passer, qu’on est dans le plan B. On est dans le plan B, les amis. Vous voulez attendre quoi, novembre ? Et vous vous retrouverez dans la même situation qu’en juillet dernier. Il faut penser au plan B rapidement. »
« Sacré exemple de bêtise collective »
Ce dernier pointe aussi du doigt la responsabilité de la LFP et de sa gouvernance. « On parle souvent d’intelligence collective mais dans notre cas, excusez-moi messieurs, on est quand même sur un sacré exemple de bêtise collective […] On n’apprend jamais de nos erreurs, c’est frappant, c’est sidérant même […] Vous avez bousillé le produit », dénonce-t-il, assurant qu’avec « 400 000 ou 500 000 abonnés, ça valorise nos droits de 150, 200 millions d’euros », bien loin des volontés de milliard affichées par la LFP il y a quelques années.
« Moi je pense qu’aujourd’hui, le management de la Ligue, Vincent Labrune en particulier, le management du Collège, Jean-Pierre Caillot, ont une responsabilité très importante dans ce putain de désastre qui est le nôtre. Qui me laisse pantois. J’aimerais bien que ces gens-là prennent leurs responsabilités mais c’est beaucoup trop leur demander », poursuit le président du RC Lens, très vocal dans les extraits. « Je vous en supplie, parce que c’est mon fric perso que je mets dans le club, je vous en supplie, travaillez à un plan B avec des gens compétents. »
Fin février, une médiation avait été lancée entre la LFP et DAZN pour tenter de régler la crise, et l’opérateur avait accepté de payer l’échéance due en janvier qu’il avait, au départ, refusé de verser, déclenchant différentes procédures en justice.
