Adrien Brody a notamment emporté le prix du meilleur acteur pour son rôle dans « The Brutalist ».
Le thriller papal Conclave et le monumental The Brutalist ont fait jeu égal dimanche 16 février au soir aux Bafta, récompenses britanniques du cinéma, en remportant chacun quatre trophées. Réalisé par le cinéaste allemand Edward Berger, Conclave a été sacré meilleur film, tandis que The Brutalist s’est imposé dans les catégories meilleur réalisateur pour Brady Corbet, et meilleur acteur pour Adrien Brody, qui incarne un architecte survivant de la Shoah. « Mon personnage m’a permis de rendre hommage au combat de mes propres ancêtres, qui ont fui la Hongrie et étaient réfugiés aux Etats-Unis », a souligné l’acteur, favori pour l’Oscar plus de vingt ans après sa consécration pour Le Pianiste.
Face à une Demi Moore ultra-favorite, l’Américaine Mikey Madison, 25 ans, a créé la surprise en remportant le Bafta de la meilleure actrice pour son rôle de stripteaseuse dans Anora, thriller new-yorkais du réalisateur Sean Baker. « J’aurais dû écrire quelque chose », a admis l’actrice, remerciant le cinéaste pour avoir « réalisé ses rêves ».
L’Américain Kieran Culkin a remporté le prix du meilleur acteur dans un second rôle pour le film A Real Pain, de Jesse Eisenberg, reparti avec le prix du meilleur scénario pour sa comédie sur deux cousins juifs qui partent sur les traces de l’Holocauste en Pologne. Les dernières aventures de Wallace et Gromit, La Palme de la vengeance, ont obtenu deux prix, dont celui de meilleur film d’animation.
Deux prix pour « Emilia Pérez »
Les succès commerciaux Dune : deuxième partie, de Denis Villeneuve, et la comédie musicale Wicked se sont seulement distingués dans des catégories techniques. La fable gore et féministe The Substance, de la Française Coralie Fargeat n’a, elle, récolté qu’un Bafta, dans la catégorie du meilleur maquillage et coiffure.
La fresque musicale sur la transition de genre d’une narcotrafiquante mexicaine Emilia Pérez, du Français Jacques Audiard, est reparti avec deux trophées : celui de meilleur film en langue non anglaise et meilleure actrice dans un second rôle pour Zoe Saldaña. L’Américaine s’est faite, comme plusieurs lauréats, le porte-voix de la communauté LGBT+, alors que le président américain Donald Trump multiplie les mesures contre les personnes transgenres et non binaires. Zoe Saldaña a dédié son prix à son neveu transgenre, « raison pour laquelle elle a signé pour ce film au départ ».
Récompensé à Cannes et aux Golden Globes, Emilia Pérez était nommé dans 11 catégories. Mais la découverte fin janvier d’anciens tweets racistes et islamophobes de l’actrice Karla Sofia Gascon a fait exploser en vol la campagne de cette comédie musicale, compromettant ses chances aux Bafta comme aux Oscars. Absente de la cérémonie, elle a eu droit à un geste d’apaisement de la part de Jacques Audiard, qui avait qualifié ses propos « d’odieux » et d’« impardonnables » au moment où elle a été écartée de la promotion du film. « Je voudrais remercier tous les merveilleux artistes qui ont donné vie à ce film », a-t-il déclaré, dont « ma chère Zoe [Saldaña], ma chère Selena [Gomez], (…) mais aussi toi, ma chère Karla Sofia, que j’embrasse. »