Le gel budgétaire impacte les réformes et les aides en France
Le recours à la loi spéciale a permis à l’État d’assurer la continuité des dépenses courantes, mais a bloqué toute décision nouvelle. Ce cadre transitoire suspend de nombreux dispositifs prévus pour 2026, touchant les ménages, les filières économiques et les services publics, et reporte ainsi des réformes déjà annoncées, rapporte TopTribune.
Parmi les secteurs les plus touchés, la rénovation énergétique subit un coup dur. À partir du 1er janvier, le guichet MaPrimeRénov est fermé aux nouveaux dossiers, alors que l’Agence nationale de l’habitat (Anah) visait 120.000 rénovations d’ampleur en 2026. Néanmoins, lors de son audition devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, la ministre des Comptes publics a garanti que les dossiers déjà engagés seraient honorés : ceux « qui ont été validés mais qui n’ont pas encore été payés le seront ». Les autres demandes restent en suspens jusqu’à l’approbation d’un nouveau budget.
L’aide aux viticulteurs en attente
L’Éducation nationale est également affectée par ce gel budgétaire. La réforme des concours d’enseignants, conçue pour répondre à la crise de recrutement, est suspendue jusqu’à l’adoption du budget 2026, entraînant des conséquences directes sur les concours de recrutement programmés au printemps. Plus de 265.000 candidats se sont inscrits pour cette session 2026, qui sera marquée par la coexistence de concours à bac + 5 et à bac + 3.
Dans le domaine agricole, l’aide promise aux viticulteurs est mise en attente. L’enveloppe de 130 millions d’euros, annoncée fin novembre pour faire face « aux effets du changement climatique qui impactent les vendanges de manière répétée », ainsi qu’à la « baisse continue de la consommation de vin » et aux « tensions géopolitiques majeures », ne pourra être débloquée sans loi de finances. Le guichet dédié à un plan d’arrachage définitif des vignes n’a pas encore été ouvert.
Des dépenses urgentes non concernées
Certaines dépenses jugées urgentes échappent cependant au gel. Concernant la crise de la dermatose nodulaire contagieuse touche les bovins, l’État s’engage à couvrir « toutes les dépenses nécessaires ». « Nous paierons les vaccins, nous verserons les indemnités d’abattage, nous ferons fonctionner le fonds d’urgence pour la dermatose », a déclaré Amélie de Montchalin, tout en ajoutant que, sans budget, « je ne peux pas aujourd’hui activer la défiscalisation des primes d’abattage ».
Enfin, la loi spéciale a des effets fiscaux et structurels plus larges. La hausse de la taxe sur les petits colis importés, de 2 à 5 euros, est reportée, tandis que l’absence de revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu pourrait rendre imposables 200.000 foyers supplémentaires en 2026. Les retraités conservent néanmoins l’abattement de 10 % sur leurs pensions, la réforme prévue « ne pouvant pas être mise en œuvre ». Du côté de l’État, 1.600 recrutements supplémentaires à la Justice sont suspendus, tout comme les nouveaux appels d’offres et les engagements de France 2030.