Entre maladies, gel et grêle, un rapport officiel pointe une production agricole en berne cette année. Selon ces estimations provisoires, la production céréalière devrait reculer de 10 millions de tonnes par rapport à l’an dernier.
Les céréaliers donnaient l’alerte depuis des jours, parlant d' »année noire » ou de « récolte catastrophique« . Les chiffres du ministère de l’Agriculture le confirment dans un rapport, dévoilé vendredi 9 août : selon ses estimations provisoires, la production céréalière devrait reculer de 10 millions de tonnes par rapport à l’an dernier.
Ainsi, la récolte de blé tendre est particulièrement mauvaise : ce pourrait être l’une des plus faibles des 40 dernières années, selon le ministère de l’Agriculture. D’ordinaire premier producteur et exportateur européen de blé tendre, la France connaît cette année « parmi les trois plus petites récoltes (…) des 40 dernières années » en raison d’un hiver pluvieux et du manque d’ensoleillement, selon une note du service de statistiques du ministère. La production de blé s’annonce donc en baisse de 25% par rapport à la moyenne des cinq dernières récoltes, pour atteindre quelque 26,3 millions de tonnes attendues, la plus faible production depuis 1987.
En cause, notamment, les intempéries à répétitions : les pluies de l’hiver, l’excès d’eau ou le manque d’ensoleillement plombent la qualité des grains et les rendements. Cette mauvaise récolte arrive après un hiver marqué par la colère des agriculteurs, mobilisés pour dénoncer la paperasserie et des revenus trop faibles.
Vers des « mesures ciblées » ?
Et ce n’est pas beaucoup mieux du côté des vendanges. Selon ce rapport, les professionnels du secteur annoncent une récolte en baisse « dans presque tous les bassins viticoles« , victime notamment de maladies favorisées par l’humidité et des conditions météorologiques compliquées, avec notamment des épisodes de gel et de grêle. La production viticole se situerait entre 40 et 43 millions d’hectolitres cette année, un niveau inférieur de 10% à 16% par rapport à 2023, et de 3% à 10% par rapport à la moyenne 2019-2023, précise le service statistique du ministère, Agreste.
De nombreux vignobles « ont été marqués par des phénomènes de coulure (chute des fleurs ou des jeunes baies) et parfois de millerandage (taille variable des baies), conséquence de conditions humides et fraîches lors de la floraison », explique le ministère. Le mildiou, un champignon dont la propagation dans les vignes a été favorisée par les pluies fréquentes tombées depuis le printemps, « touche la plupart des bassins viticoles et pourrait causer des pertes importantes« , ajoute le ministère.
Les syndicats agricoles, dont la FNSEA, demandent d’ores et déjà au gouvernement des mesures d’accompagnement. Il faudra, précise le ministère de l’Agriculture, attendre la fin des moissons pour avoir une « vision d’ensemble consolidée« . Les vendanges, qui viennent à peine de commencer, vont s’étaler jusqu’au début de l’automne. La France avait produit 48 millions d’hectolitres de vin en 2023, soit 4% de plus que l’année précédente, ce qui lui avait permis de prendre la place de premier producteur mondial devant l’Italie et l’Espagne.
Si des dispositifs complémentaires devaient être mis en place, il s’agirait de « mesures ciblées« , comme l’avait déjà évoqué fin juillet le ministre, Marc Fesneau, fin juillet, se disant prêt à activer des dispositifs d’aides exceptionnelles aux céréaliers.