Proches de ne pas disputer les Jeux à la maison, les basketteurs tricolores ont réalisé un tournoi olympique quasi parfait, ponctué par une médaille d’argent, lundi.
Ils ont rendu l’impossible – presque – possible. Sur la place de la Concorde, sous les yeux de tous leurs proches, mais aussi de Tony Estanguet et de légendes de la NBA comme Dirk Nowitzki ou Pau Gasol, Timothé Vergiat, Jules Rambaut, Lucas Dussoulier et Franck Séguéla ont soulevé des montagnes, lundi 5 août. Défaits en finale par les Pays-Bas (17-18), les quatre basketteurs tricolores du 3×3 ont remporté la médaille d’argent olympique. Un exploit d’ores et déjà majuscule, au regard de leurs galères passées. Car ces (vice) champions reviennent de loin. Trois mois plus tôt, personne ne les imaginait sortir par une porte aussi grande de ces Jeux.
Au bord du gouffre début mai, vice-champions olympiques début août
Pour comprendre, il faut remonter au 5 mai 2024. Utsunomiya, Japon. Eliminée en demi-finales du Tournoi de qualification olympique (TQO) après une défaite 21-15 contre la Lituanie, l’équipe de France – où trois titulaires actuels sur quatre n’étaient pas présents – est dos au mur. Elle n’a plus qu’une seule et unique chance de valider son billet pour Paris 2024, lors d’un tout dernier TQO, quelques jours plus tard. A condition, cette fois, de se qualifier pour la finale…
19 mai 2024 à Debrecen, en Hongrie. Quatorze jours après leur échec, les Bleus ne sont qu’à quelques secondes de voir leurs derniers espoirs de disputer les Jeux à domicile se fracasser, de nouveau en demi-finales, face à la Mongolie. C’est le moment que choisit Timothé Vergiat pour rentrer un tir primé qui fait basculer la rencontre et offre la victoire à la France (22-21), sans avoir jamais mené durant la rencontre jusque-là. Quasiment le même scénario que celui vécu en quarts de finale, avec une victoire contre l’Allemagne après prolongation (19-17) sur un panier lointain de Jules Rambaut sans jamais avoir été devant au score auparavant. Le spectre de l’élimination, qui les avait frappés de plein fouet avant Tokyo, les privant de JO pour l’entrée du 3×3 au programme olympique, est cette fois-ci évité.
« On revient de très très loin, reconnaissait Timothé Vergiat après la finale. On est allés chercher une qualification en Hongrie qui était compliquée, on a gagné des matchs de fou furieux. Encore sur ce tournoi olympique, on bat les Serbes, les Lettons… On n’est pas passés loin de l’or. C’est la dramaturgie du 3×3 : parfois on déteste, parfois on adore. Ce soir on déteste un peu, mais on est fiers. »
Parfois, les difficultés rencontrées rendent, au final, le succès plus beau. Il suffisait, lundi soir, de regarder les visages du quatuor français pour s’en convaincre, même si légitimement une pointe de déception persistait. Car cette journée du 5 août va marquer l’histoire, leur histoire.
On attendait les Bleues, on n’a pas vu venir les Bleus
Le succès en demi-finales face à la Lettonie (21-14), championne olympique en titre et invaincue en phase de groupes, avait un goût de revanche pour les Bleus. Dominés 22-20 par les Baltes en poules vendredi, éliminés par cette même équipe lors du TQO pour les Jeux de Tokyo en mai 2021, Lucas Dussoulier et ses coéquipiers n’ont pas tremblé. Supérieurs dans la bataille des rebonds, adroits techniquement, les Français ont imposé une domination totale.
« Physiquement on est très, très bien préparés, avançait Timothé Vergiat après la rencontre. Et avec ce public, on ne peut pas être fatigués. » Jules Rambaut explorait la même piste : « Il y avait une vraie supériorité physique, oui. Ce sont des compétitions où on enchaîne beaucoup mais je pense qu’on a un peu plus de fraîcheur et grâce à ça on peut mettre les tirs ». Le meilleur exemple avait eu lieu la veille : face à la Serbie, sextuple championne du monde et classée première au niveau mondial, les Tricolores avaient essoré leurs adversaires en quarts de finale, jusqu’au nouveau tir génial de Vergiat, encore assez lucide derrière le demi-cercle (22-19).
Unanimes avant le début des Jeux de Paris sur les chances de l’équipe de France féminine – championne du monde 2022, vice-championne du monde 2023 – les observateurs n’avaient pas senti le vent tourner en faveur des hommes. Alors que Laetitia Guapo et les Bleues ne sont pas parvenues à passer la phase de groupes (deux victoires, cinq défaites), Franck Séguéla et les Bleus ont avancé dans l’ombre, jusqu’à grimper sur la deuxième marche du podium, à un souffle de l’or.
« Ça a été un parcours tellement rocailleux… Avoir cette consécration autour du cou, avec ce public incroyable, c’est fou, s’enthousiasmait Franck Séguéla. On a vécu notre aventure ensemble, dans une bulle. On était conscients qu’on pouvait le faire. Surfer sur la vague de la qualif’ nous a servi sur le terrain, et on a trouvé cette énergie avec le public. » La surprise n’en est que plus belle.