
La rémunération des cadres continue de connaître une croissance en 2025, mais cette progression s’effectue à un rythme qui se stabilise. Les données fournies par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) dans son dernier baromètre dresse un tableau nuancé, où des attentes salariales élevées se heurtent à une hausse modérée, rapporte TopTribune.
Salaire des cadres : une tendance stable sans véritable accélération
Les nouvelles statistiques de l’Apec révèlent une situation ambivalente pour les cadres. Le baromètre de 2025 indique que la rémunération brute médiane annuelle est fixée à 55.000 euros. L’augmentation est modeste, se chiffrant à environ +1,8%, ce qui confirme un ralentissement par rapport à l’année précédente. D’après l’Apec, près de la moitié des cadres a enregistré une hausse de salaire, un chiffre qui est en retrait par rapport à celui observé en 2024.
De nombreux analystes soulignent cette stagnation dans les médias économiques. Comme le mentionne L’Opinion, « aucun rattrapage du pouvoir d’achat n’est véritablement amorcé ». Ce constat est largement partagé : les augmentations existent, mais elles n’effacent pas l’inflation cumulée des années précédentes. Beaucoup de cadres indiquent que la progression réelle de leur rémunération demeure faible, en particulier parmi les profils techniques ou les postes de soutien.
Des disparités générationnelles se font également jour. Les cadres de plus de 50 ans affichent une progression légèrement supérieure à la moyenne, grâce à des responsabilités accrues ou à des expertises rares. Cela dit, cette catégorie ne suffit pas à dynamiser le paysage global. En revanche, les jeunes cadres et ceux en milieu de carrière expriment des attentes plus fortes, surtout dans les entreprises où les stratégies de revalorisation deviennent plus strictes.
Les témoignages récoltés par des organisations professionnelles mettent en lumière une certaine prudence généralisée. En interne, les directions financières privilégient désormais les ajustements ciblés au détriment des augmentations collectives. Les politiques d’augmentation deviennent sélectives, reposant sur la performance individuelle ou la rareté des compétences. Ce choix entraîne une progression qui existe, mais qui ne donne pas l’impression d’un mouvement structurel fort.
Inégalités à persister, augmentation de la part variable et importance de la mobilité
L’écart salarial entre les femmes et les hommes demeure l’un des grands enjeux soulignés par les experts. L’Apec fait état d’un différentiel d’environ 16% entre les rémunérations médianes. Même en neutralisant les différences liées aux fonctions, à l’âge ou à l’expérience, cet écart reste supérieur à 6%. Lors de débats sur le plateau de Good Morning Business, plusieurs spécialistes notent que « l’égalité salariale ne progresse plus ». Ce sujet, bien qu’évoqué, avance à un rythme pratiquement stagnant.
Un autre aspect fondamental est l’importance croissante de la rémunération variable. Selon l’Apec, un cadre sur deux perçoit une part variable, représentant en moyenne près de 11% de la rémunération totale. Cependant, ce chiffre varie considérablement d’un secteur à l’autre. Dans les domaines commerciaux, cette part est cruciale, tandis qu’elle reste marginale dans les domaines techniques, juridiques ou administratifs. Ce déséquilibre contribue à accentuer les inégalités entre divers secteurs professionnels.
La mobilité professionnelle se révèle être un critère essentiel. L’Apec observe que les cadres ayant changé d’entreprise ou ayant évolué en interne bénéficient de façon plus significative d’une augmentation. En revanche, ceux demeurant dans le même poste sont nettement moins souvent concernés. Cette réalité pousse à favoriser les mouvements externes, perçus comme un levier plus efficace que les augmentations internes. Pour les employeurs, cela accroît la nécessité de revoir leurs politiques de rétention.
Retard en matière de transparence salariale et disparités régionales marquées
La question de la transparence salariale refait surface à l’approche de la mise en œuvre de la directive européenne prévue pour 2026. L’Apec signale que près des deux tiers des offres d’emploi pour cadres mentionnent désormais un salaire. En dépit de cela, une majorité de cadres estime que leur entreprise manque de transparence. Dans une étude dédiée, l’Apec indique qu’« un salarié cadre sur deux perçoit son employeur comme opaque ».
Les entreprises doivent s’adapter rapidement à ces exigences. La future directive impose la publication des écarts de salaire, la justification des augmentations ainsi que des critères de rémunération clairement établis. Cependant, d’après l’Apec, une large majorité des entreprises n’a pas encore entamé ce processus. L’année 2025 devient ainsi un temps de préparation, dans un cadre où les employés attendent davantage de cohérence et de clarté.
Les disparités géographiques complètent ce constat. Selon plusieurs analyses parues dans Challenges, les régions industrielles affichent une hausse salariale supérieure à celle observée en Île-de-France. Les entreprises de taille intermédiaire montrent également une dynamique plus prononcée que les grandes structures. Ces différences redéfinissent les zones d’attractivité pour les cadres, notamment dans les secteurs de l’ingénierie et de la production.