À l’Assemblée nationale,
Ce vendredi, l’Assemblée nationale a abordé la délicate question de la fiscalité du patrimoine, dont la fameuse taxe Zucman, un point clé dans les négociations entre le gouvernement et le Parti socialiste pour éviter une censure. « On est tous plongés dans l’inconnu, mais quand on regarde une série, il faut accepter de ne pas en connaître la fin », a ironisé à la mi-journée Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire, rapporte TopTribune.
Le suspense a dominé toute la journée, les députés se concentrant d’abord sur une taxation des hauts patrimoines destinée aux holdings. Bien que cette mesure ait finalement été votée, son influence a été largement réduite par la droite et les macronistes, provoquant la frustration de la gauche. « Ce qu’on voit depuis ce matin, c’est que Sébastien Lecornu n’est pas venu à l’Assemblée pour négocier avec Olivier Faure, mais avec Laurent Wauquiez… », a déploré l’insoumis Eric Coquerel.
« Moi, j’étais à la buvette avec les collègues »
Romain Eskenazi, député PS du Val-d’Oise, a pour sa part affiché un certain optimisme : « On a proposé une taxe Zucman, ils n’en veulent pas. Une Zucman light, ils n’en veulent pas. Mais nous, on n’est pas arc-boutés sur les moyens, seulement sur l’objectif. On souhaite récupérer 15 milliards d’euros sur les plus riches, peu importe comment… », a-t-il affirmé. « Et si le Premier ministre a décidé de venir aujourd’hui dans l’hémicycle, j’imagine que ce n’est pas simplement pour écouter les débats, mais pour annoncer quelque chose », espérait-il.
Peu avant la reprise des débats, à 15 heures, France inter a révélé que Sébastien Lecornu avait déjeuner avec les responsables socialistes, Olivier Faure et Boris Vallaud. Cela pourrait indiquer que les négociations avancent. « Moi j’étais à la buvette avec les collègues, il faut le dire si on dérange. Ce n’est plus le 49.3, c’est le 13-14h ! », a rétorqué Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. Toutefois, Olivier Faure a balayé ces critiques sur X : « Ce n’était ni discret ni secret. Nous avons répondu à la demande du Premier ministre, qui souhaite revoir l’ensemble des groupes politiques. Et pour ceux qui veulent en connaître l’issue, nous n’avons pas avancé ni abouti. »
« Folie fiscale »
Dans l’après-midi, les débats autour de la taxe Zucman ont continué sans réelle surprise. « C’est une mauvaise taxe, elle est mauvaise pour l’économie, mauvaise pour l’emploi, donc elle est mauvaise pour les Français. Il n’existe pas de taxe magique. C’est un miroir aux alouettes », a déclaré Paul Midy, député Renaissance d’Essonne. Jean-Philippe Tanguy, du RN, a également exprimé son impatience : « Les milliardaires partiront et vous n’aurez rien. Les socialistes, vous n’y croyez pas ! Vous avez agité la taxe Zucman pour justifier la non-censure, je regrette que nous passions autant de temps à débattre d’une illusion… »
« Un débat fou », a également commenté Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine. « Nous sommes contre la folie fiscale et la taxemania », a-t-il ajouté. Réplique immédiate de Boris Vallaud, le chef de file des députés socialistes : « La folie fiscale, c’est quand les PME et les classes populaires paient les impôts des multinationales qui ne les paient pas. » Alors que l’opposition s’écharpait durant de longues minutes, le député Liot Charles de Courson a directement interrogé Sébastien Lecornu : « Que propose le gouvernement ? »
Un geste sur le gel des pensions de retraite annoncé
Suspendu, le Premier ministre a continué de prendre des notes, sans manifester de réaction face au rejet de la taxe Zucman. « S’ils ne veulent pas de Zucman, très bien. Il faut maintenant que ça se décante et qu’il se passe quelque chose », a soupiré Laurent Baumel.
En fin de journée, Sébastien Lecornu a réaffirmé son « profond désaccord » avec la gauche concernant cette taxation, estimant qu’il « n’existe aucun impôt miracle » à fort rendement. Malgré cela, pour apaiser les tensions, il s’est déclaré favorable à renoncer au gel des pensions de retraite et des minimas sociaux, reconnaissant que « la question du gel des retraites » n’était « pas acceptable » ni « acceptée par nos concitoyens ».