Le nouveau budget de la France présenté par Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu, reconduit vendredi comme Premier ministre, va présenter mardi 14 octobre 2025 en conseil des ministres un projet de budget pour 2026, une première ébauche qu’il a déjà ouverte aux compromis avec le Parlement, rapporte TopTribune.
La Constitution prévoit que le Parlement dispose de 70 jours pour examiner le projet de budget de l’État, aussi appelé projet de loi de finances (PLF), avant une adoption au plus tard le 31 décembre, ce qui faisait théoriquement de lundi la date limite.
Le gouvernement Lecornu II, nommé dimanche soir, se réunira mardi à 10h pour son premier conseil des ministres, où sera présenté ce projet de budget avant d’être soumis à l’Assemblée nationale.
Faute de temps, le texte devrait être identique à celui qu’avait envoyé Sébastien Lecornu le 2 octobre au Haut Conseil des finances publiques (HCFP), conformément aux procédures en vigueur.
Ce projet reprenait déjà une grande partie de celui élaboré par son prédécesseur François Bayrou, avec toutefois des économies moindres que les 44 milliards d’euros avancés par ce dernier.
« Pas parfait », ce budget a été « plutôt imaginé aussi pour que le débat ait lieu », a affirmé le Premier ministre.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) sera également présenté mardi.
Objectif pour le déficit public : moins de 5 % du PIB
Au moment de sa première nomination à Matignon, Sébastien Lecornu espérait ramener le déficit public à 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2026, chiffre qui devrait être retenu dans le budget.
Cependant, dans un souci de flexibilité lors des négociations politiques, il a revu cette ambition à la baisse, visant un niveau inférieur à 5 % du PIB.
La cible d’un déficit de 3 % du PIB en 2029, conforme aux règles européennes, est confirmée.
Cependant, la trajectoire pour l’atteindre devient plus compliquée, chaque dixième de point de pourcentage de déficit supplémentaire contribuant à l’accroissement de la dette publique.
Sébastien Lecornu a indiqué que la priorité irait à « la réduction des dépenses », en mettant l’accent sur une diminution de six milliards d’euros du « train de vie » de l’État et une « meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités locales ».
Il a renoncé à l’idée de supprimer deux jours fériés, une mesure défendue par François Bayrou qui aurait permis de réaliser 4,2 milliards d’euros d’économies.
La situation budgétaire pourrait néanmoins se compliquer avec une croissance revue à la baisse, estimée à 1 % pour 2026.
Propositions fiscales
Du côté des recettes, Sébastien Lecornu a rejeté la taxe Zucman réclamée par la gauche, qui prévoit une imposition minimale de 2 % pour les patrimoines des 1 800 contribuables les plus riches.
Toutefois, se disant sensible aux sollicitations pour « plus de justice fiscale », il a proposé la création d’une « taxe sur le patrimoine financier » des holdings familiales, souvent utilisées pour contourner l’impôt, qui pourrait rapporter entre 1 et 1,5 milliard d’euros.
Il envisage également de maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), garantissant une imposition minimale de 20 % pour les plus hauts revenus.
Une réduction de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production, est prévue, entraînant un coût de 1,1 milliard d’euros.
Les entreprises craignent de voir la réduction de moitié d’une surtaxe sur les bénéfices, initialement prévue seulement pour 2025, pour un montant de 4 milliards d’euros. Des discussions sont en cours concernant une baisse de l’impôt sur le revenu pour les couples légèrement au-dessus du Smic et la conservation d’un abattement forfaitaire sur les revenus des retraités, ce qui pourrait accroître la charge fiscale pour les plus aisés.
Réforme des retraites en suspens ?
Sébastien Lecornu a ouvert la porte à un débat sur la suspension de la réforme des retraites contestée, réclamée par le PS.
Concernant la santé, il n’a pas remis en cause publiquement les décisions de son prédécesseur relatives à la réduction des dépenses.
Pareil pour le doublement des franchises médicales, ce qui entraînerait une augmentation du reste à charge des patients, ou la limitation de la durée du premier arrêt de travail.
François Bayrou avait aussi envisagé une « année blanche », durant laquelle les salaires des fonctionnaires, les prestations sociales et les pensions de retraite ne seraient pas revalorisés. Cette mesure figure également dans la première version de Lecornu.
Toutefois, le Premier ministre a proposé d’adopter les mesures de revalorisation des retraites pour les femmes envisagées par le conclave au printemps.