Démission surprise de Sébastien Lecornu dans un climat politique incertain
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a annoncé sa démission ce lundi 6 octobre 2025, moins de 24 heures après la formation de son gouvernement, une décision rapidement acceptée par le président Emmanuel Macron. La France se retrouve à nouveau sans véritable pouvoir exécutif, à une semaine de l’échéance pour le projet de loi de Finances, rapporte TopTribune.
Bruno Cautrès, politologue et chercheur au centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), a qualifié la situation de « complètement baroque, totalement irrationnelle, voire folle ». Face à cette crise inédite, il reste à déterminer quels scénarios politiques peuvent émerger dans un contexte de grande instabilité.
Une possibilité serait que le président choisisse un nouveau Premier ministre. Cependant, il semble peu probable qu’il fasse partie des précédents, tels que Michel Barnier, François Bayrou ou Sébastien Lecornu, qui n’ont pas réussi à établir une majorité stable ou à élaborer un budget pour 2026.
On vantait les capacités de Michel Barnier, de François Bayrou ou de la dextérité politique de Sébastien Lecornu… Mais ce ressort narratif a été complètement usé jusqu’à la corde.
Le Parti socialiste a déjà exprimé son souhait de voir un gouvernement de gauche établi. Philippe Brun, député PS, a affirmé qu’il serait « sage de donner sa chance à la gauche », tandis qu’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a également souligné la nécessité d’inclure la gauche dans le futur gouvernement.
Dans son allocution, Lecornu a lancé un appel à l’unité, exprimant la nécessité de trouver un chemin pour le pays. Cependant, Cautrès prévient que le Parti socialiste, bien qu’ayant des ambitions, ne dispose pas de la majorité à l’Assemblée nationale, ce qui pourrait rendre la situation encore plus complexe dans les jours à venir.
Un rassemblement des partis de gauche fondateurs du NFP et de la NUPES est prévu pour discuter de solutions en réponse à cette crise. L’idée d’un gouvernement « technique » similaire à celui mis en place en Italie lors de la nomination d’un économiste pourrait également émerger, bien que cela n’ait jamais été réalisé en France.
La dissolution de l’Assemblée nationale en débat
Le président Macron pourrait également choisir de dissoudre l’Assemblée nationale, une option que le Rassemblement national a déjà évoquée. Cependant, les experts estiment que la situation actuelle pourrait rendre cette décision complexe, alors que les citoyens expriment une fatigue croissante face à la politique actuelle.
Je crois que tout le monde a compris que le problème politique était plus profond. Il n’y a plus de ressorts dans l’opinion publique pour de nouvelles élections. Les inquiétudes sur qui va payer la facture du déficit grandissent.
Si une dissolution devait être décidée, un délai de 20 à 35 jours serait requis avant la tenue de nouvelles élections législatives.
Possibilité de démission du président de la République
Bien que la destitution du président soit peu probable, des experts estiment que sa démission pourrait être une option envisageable. Cautrès rappelle que Charles de Gaulle a démissionné en 1969 après un référendum raté.
La démission du président serait spontanée et ne nécessiterait pas de justification. Cependant, si cela devait se produire, c’est le président du Sénat, Gérard Larcher, qui prendrait le relais, ce qui requerrait l’organisation d’élections présidentielles anticipées dans un délai de 20 à 50 jours.
Il est également possible que Macron choisisse une dissolution suivie de sa démission en cas de défaite aux élections.
