Alors que les négociations budgétaires et la menace d’une censure dominent l’actualité, l’Assemblée nationale se prépare à renouveler ses postes clés, dont le « Bureau », la plus haute instance exécutive. La présidente Yaël Braun-Pivet (Renaissance) s’efforce de parvenir à un accord pour que tous les groupes soient représentés, y compris le Rassemblement national. Cependant, la majorité de gauche pourrait pâtir des voix accumulées par le centre et l’extrême droite, rapporte TopTribune.
A quoi servent ces postes ?
Le Bureau, qui sera renouvelé mercredi et jeudi, rassemble 21 députés autour de Yaël Braun-Pivet. Il détient « tous pouvoirs pour régler les délibérations de l’Assemblée et pour organiser et diriger tous les services ». Ses prérogatives sont vastes : il évalue notamment la recevabilité des textes déposés par les parlementaires, prononce les sanctions les plus sévères et peut lever l’immunité des élus.
Au sein du Bureau, les six vice-présidents sont chargés de conduire les débats dans l’hémicycle. Les trois questeurs, qui surveillent la bonne gestion financière de l’Assemblée, bénéficient d’avantages comme la mise à disposition d’un appartement de réception. Les douze secrétaires supervisent les votes, y compris ceux relatifs aux motions de censure.
Qui aujourd’hui à ces postes ?
L’année dernière, les groupes de gauche (LFI, PS, écologistes et communistes) avaient tiré parti d’une démobilisation nocturne des macronistes pour s’emparer de la majorité (13 sièges sur 22). Le Rassemblement national, en tant que premier groupe à l’Assemblée, avait échoué à intégrer le Bureau en raison du manque de soutien des autres blocs.
Proportionnelle au forceps ?
En théorie, les groupes peuvent répartir 35,5 points proportionnellement, une vice-présidence coûtant deux points, un questeur 2,5, et un secrétaire 1. Le Perchoir, qui n’est pas remis en jeu, équivaut à quatre points. Yaël Braun-Pivet proposera lundi à 15 heures aux chefs de groupes une répartition : deux vice-présidences pour chaque « bloc » (gauche, coalition gouvernementale, et RN-UDR), trois questeurs reconduits (socialiste, macroniste et LR), et au moins un secrétaire pour chacun des 11 groupes.
Toutefois, la gauche s’opposant fermement à un retour du RN au Bureau, il est probable que la question soit tranchée dans l’hémicycle par l’ensemble des députés, avec des élections à trois tours pour chaque catégorie de postes (le dernier à la majorité relative).
« Alliance » entre le centre et le RN ?
En réaction, les chefs des groupes du bloc central et de l’alliance RN-UDR plaident pour une union de leurs voix afin de répartir les postes à la proportionnelle. L’idée consiste à fournir des bulletins de vote globaux, comportant six noms de vice-présidents, dont deux de gauche, pour forcer la distribution des postes.
Cette stratégie a été qualifiée d’« alliance » par la gauche, mais des députés LFI reconnaissent que, « on ne pourrait rien faire » si suffisamment de macronistes suivent la consigne, et si le bloc central parvient à s’accorder sur ses propres nominations. « Il faut que LR et Renaissance perdent des postes pour pouvoir en donner à d’autres, y compris à nous », souligne un député MoDem. Les dirigeants du bloc central se rencontreront lundi, après la réunion avec Yaël Braun-Pivet, tandis que leurs homologues de gauche discuteront mardi.