Le Covid long et ses effets sur le cycle menstruel des femmes : une étude franco-britannique révèle des perturbations significatives

Le Covid long et ses effets sur le cycle menstruel des femmes : une étude franco-britannique révèle des perturbations significatives

22.09.2025 18:03
2 min de lecture

Le Covid long, ou affection post-Covid-19, se manifeste par divers symptômes survenant généralement dans les trois mois suivant l’infection. Il persiste au moins deux mois et entraîne des désagréments tels que fatigue, douleurs musculaires, dyspnée, céphalées et difficultés de concentration, rapporte TopTribune.

Le Covid long touche entre 3 et 7 % de la population mondiale, la prévalence étant deux fois plus élevée chez les femmes. Des études antérieures avaient suggéré un lien possible entre cette affection et des troubles menstruels, mais celui-ci n’était pas encore clairement établi.

Des règles abondantes et des symptômes exacerbés

Pour élucider ce phénomène, une équipe de chercheurs franco-britanniques a mené une étude, publiée le mardi 16 septembre dans la revue Nature Communications. Ils ont analysé les données d’une enquête britannique en ligne, réalisée auprès de milliers de femmes entre mars et mai 2021.

Parmi les participantes, plus de 1 000 souffraient de Covid long, 1 700 étaient guéries d’une infection aiguë, tandis que 9 000 n’avaient jamais été infectées. Les femmes atteintes ont rapporté des règles plus abondantes et plus longues, ainsi qu’une fréquence accrue de saignements intermenstruels, alors que celles guéries d’un Covid standard faisaient état de perturbations menstruelles moins significatives.

De plus, une étude des symptômes quotidiens du Covid long durant trois mois chez 54 femmes a montré que ceux-ci s’intensifiaient lors de la phase prémenstruelle et durant les règles, notamment la fatigue, les maux de tête, le brouillard cérébral, les difficultés respiratoires et les douleurs musculaires.

Un androgène au cœur du mécanisme

Les niveaux d’hormones et d’inflammation ont été mesurés chez certaines participantes, qu’elles souffrent ou non de Covid long, à partir d’échantillons de sang et de tissus de la muqueuse utérine. Les résultats montrent que les femmes atteintes de Covid long présentaient des niveaux élevés de 5α-dihydrotestostérone, un androgène naturel qui est généralement présent à des taux bien plus faibles.

Selon un communiqué de l’université d’Édimbourg, qui a collaboré avec l’université d’Oxford et l’université de Montpellier, « les androgènes favorisent la création, la migration et la survie des cellules stromales au sein de la muqueuse utérine, qui sont éliminées pendant les règles. L’augmentation de ces hormones pourrait expliquer des saignements menstruels plus abondants chez les femmes atteintes de Covid long ».

Les taux de progestérone et d’œstradiol étaient similaires entre les femmes atteintes et non atteintes de Covid long, ce qui suggère que cette affection n’altère pas significativement le fonctionnement ovarien.

Vers des traitements adaptés aux femmes ?

Les niveaux d’inflammation étaient plus élevés dans le sang des femmes souffrant de Covid long. « Cela pourrait également contribuer à des saignements problématiques et influencer la gravité des symptômes pendant les règles », indiquent les scientifiques de l’université d’Édimbourg.

Les règles abondantes peuvent causer une carence en fer, susceptible de provoquer fatigue, essoufflement, maux de tête et vertiges, aggravant ainsi les symptômes déjà présents du Covid long. Les auteurs de l’étude soulignent l’importance d’identifier rapidement les troubles menstruels et de proposer un traitement aux femmes concernées.

Alexandra Alvergne, chercheuse au CNRS, déclare : « Il est crucial de prendre en compte la relation potentiellement bidirectionnelle entre la maladie et les menstruations, où les symptômes varient au cours du cycle menstruel et où la maladie influence les paramètres du cycle. Nous démontrons ici que cela pourrait être le cas pour le Covid long, associé à des saignements utérins anormaux et des symptômes se manifestant à l’approche des règles ».

Pour le Dr. Jackie Maybin, de l’université d’Édimbourg, « cette étude constitue la première étape vers des traitements spécifiques des troubles menstruels chez les femmes atteintes de Covid long et pourrait également conduire à de nouveaux traitements pour les symptômes de cette affection, adaptés aux femmes ».

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