Une application étatique ambitieuse s’implante en Russie, risquant d’entraver la liberté d’expression dans un pays se resserrant sur lui-même. Appelée « Max », cette messagerie nationale sera installée automatiquement sur tous les appareils électroniques vendus en Russie à partir du 1er septembre 2025, ne permettant une utilisation qu’avec des numéros russes ou biélorusses, rapporte TopTribune.
Ce changement marque une étape décisive dans la quête d’autonomie numérique de Moscou. Développée par VK, l’équivalent russe de Facebook, Max a été conçue sur ordre de Vladimir Poutine et a déjà attiré 18 millions d’utilisateurs depuis son lancement en mars dernier, un chiffre en nette progression par rapport à un million en juin. Les services de messagerie concurrents, tels que WhatsApp, ont subi de nombreuses interruptions depuis la mi-août, suggérant une ingérence gouvernementale.
Des influenceurs réquisitionnés pour enjoliver l’image de Max
Pour faire la promotion de Max, les autorités russes ont sollicité des influenceurs, dont la rappeuse Instasamka, qui a témoigné d’une utilisation sans interruption dans un parking souterrain, ainsi que Yegor Krid, qui a vanté l’application dans l’une de ses vidéos. Ces interventions, bien que soutenues par le gouvernement, n’ont pas convaincu tout le monde, entraînant des critiques sur le manque d’innovation de l’application et des inquiétudes concernant la confidentialité des données.
Une souveraineté numérique par la contrainte ?
La question se pose : la souveraineté numérique de la Russie sera-t-elle établie par la pression au lieu de l’innovation ? Max est désormais omniprésente dans les ministères, les services publics et les établissements d’enseignement, poussant les utilisateurs à migrer de WhatsApp et Telegram.
La messagerie cryptée de Pavel Durov, souvent utilisée pour discuter des sujets relatifs à la guerre en Ukraine, fait face à une menace de bannissement total, ce qui pourrait susciter des mécontentements parmi les partisans de l’offensive russe.
En parallèle, la plateforme éducative nationale Sferum sera intégrée à Max, avec un déploiement prévu d’ici le 15 septembre. Ce développement vise à créer une plateforme unifiée, rassemblant messagerie, paiements et services publics numériques, tout en instillant un message clair : la critique de l’application est désapprouvée par le gouvernement.