La finance mondiale demeure fortement vulnérable aux actifs associés à la déforestation.

La finance mondiale demeure fortement vulnérable aux actifs associés à la déforestation.

19.08.2025 18:43
2 min de lecture

Le dernier rapport intitulé « Forest 500 », élaboré par l’ONG Global Canopy, met en lumière la portée des financements consacrés à des entreprises œuvrant dans la déforestation. En plus de leurs conséquences écologiques, les banques et les investisseurs courent également de plus en plus de risques systémiques, engendrant potentiellement une perte de valeur d’actifs et une instabilité macroéconomique, rapporte TopTribune.

La finance mondiale face à un risque réputationnel chiffré en milliards

Le 14 août 2025, l’ONG Global Canopy a rendu public son rapport annuel, « Forest 500 », qui est devenu une référence pour évaluer les politiques environnementales des grands acteurs financiers. Les résultats sont frappants : la déforestation continue d’être alimentée par d’importants flux financiers. Pour les acteurs de la finance, il ne s’agit plus uniquement d’une question éthique ; cela souligne un risque opérationnel, réglementaire et réputationnel qui prend de l’ampleur.

Ce rapport établit que 150 institutions financières ont dirigé 8,9 trillions de dollars vers l’économie de la déforestation en 2024. Ces sommes stratosphériques surpassent le PIB annuel du Japon, révélant l’ampleur de l’exposition du secteur bancaire aux industries qui exploitent intensément les ressources forestières. Cette dépendance expose les investisseurs à un paradoxe : les portefeuilles accumulent des actifs susceptibles d’être affectés par des réglementations environnementales de plus en plus strictes.

La concentration des flux financiers augmente la responsabilité d’un nombre restreint d’entités. Des entreprises telles que Vanguard, BlackRock et JPMorgan Chase ont, à elles seules, financé plus de 1,6 trillion de dollars pour des sociétés classées à risque. Ce positionnement pourrait engendrer des conséquences réputationnelles significatives, alors que les ONG, les régulateurs et les actionnaires activistes mettent en lumière les gestionnaires d’actifs les plus vulnérables.

Des banques insuffisamment préparées aux exigences ESG

Selon le rapport, 60% des institutions financières n’ont toujours pas mis en place de politique spécifique concernant la déforestation. Dans un contexte où les critères ESG deviennent une nécessité réglementaire, l’absence de stratégie pourrait entraîner une mauvaise notation extra-financière, augmentant ainsi le coût du capital sur les marchés. Pour les principales banques, cette inaction les expose également à des risques de non-conformité dans des juridictions qui cherchent à légiférer sur la traçabilité des chaînes d’approvisionnement.

Parmi les 60 entités ayant établi une politique, seulement 27 assurent un suivi opérationnel adéquat, tandis que 32 s’engagent à traiter avec des clients non conformes, et 17 envisagent même une menace de désinvestissement. Cette faiblesse dans les mécanismes de contrôle remet en question la crédibilité des engagements en matière de climat, à un moment où des organismes comme la Commission européenne ou la SEC intensifient les obligations de reporting extra-financier.

La déforestation, un facteur de risque macroéconomique et financier

L’analyse souligne que la déforestation est responsable de 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cette statistique ne souligne pas seulement l’urgence environnementale, mais elle représente également un risque systémique. La multiplication des catastrophes climatiques, la perte de biodiversité et la désorganisation des chaînes de valeur agricoles mettent en péril la solvabilité des entreprises financées.

Pour les investisseurs institutionnels, le message est limpide : ignorer ce risque compromet le rendement à long terme des portefeuilles. Le Forum économique mondial place la perte de la nature parmi les quatre principaux risques globaux de cette décennie, tandis que la Banque d’Angleterre a déjà averti que les conséquences climatiques menacent la stabilité du système financier britannique. En d’autres termes, fermer les yeux sur la déforestation, c’est accepter d’accumuler dans les bilans bancaires des risques similaires à ceux des subprimes, mais à moyen ou long terme lié au climat.

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