Le 15 juillet 2025, l’Union européenne a intensifié sa réponse aux tentatives de déstabilisation dans son voisinage oriental en imposant de nouvelles sanctions ciblées à l’encontre de sept individus et trois entités impliqués dans des actions menaçant la souveraineté, l’indépendance et la stabilité démocratique de la République de Moldavie. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre plus large des efforts du bloc pour contrer l’influence croissante de la Russie dans les anciennes républiques soviétiques.
Sanctions étendues contre les réseaux pro-russes en Moldavie
Avec cette nouvelle décision, la liste de sanctions de l’UE concernant la Moldavie comprend désormais 23 personnes physiques et 5 entités juridiques. Les cibles sont principalement associées à l’oligarque en exil Ilan Shor, déjà sanctionné pour financement illégal de partis politiques moldaves et incitation à la violence. Parmi les nouvelles entités figurent notamment la société A7, réputée pour ses liens étroits avec la Russie, et le Centre de coopération culturelle et éducative « Moldova », créé à Moscou et soupçonné d’avoir orchestré des transports organisés d’électeurs moldaves lors des élections de 2024.
Les personnes visées sont accusées d’avoir participé à des campagnes de corruption électorale en amont du référendum constitutionnel sur l’adhésion à l’UE ainsi qu’aux élections présidentielles moldaves de 2024. Le bloc politique « Victoire », lancé par Ilan Shor, est également sanctionné pour diffusion de désinformation et manipulations électorales.
Mise en garde sévère à la Géorgie sur fond de dérive autoritaire
Le même jour, l’UE a adressé une lettre officielle au gouvernement géorgien, lui donnant jusqu’au 31 août 2025 pour rétablir l’État de droit et réviser les condamnations prononcées à l’encontre de membres de l’opposition. À défaut, Bruxelles envisage de suspendre le régime d’exemption de visa pour les citoyens géorgiens, en raison du « grave recul » démocratique constaté dans le pays.
Cette mise en garde survient alors que le parti au pouvoir, Rêve géorgien, accusé de collusion croissante avec Moscou, consolide progressivement son emprise sur les institutions. L’UE s’inquiète d’une érosion persistante des normes démocratiques, qui avait déjà conduit à exclure la Géorgie du groupe de pays prioritaires dans les négociations d’adhésion, aux côtés de l’Ukraine et de la Moldavie.
Bruxelles face à la guerre hybride russe
La double initiative européenne souligne une prise de conscience croissante à Bruxelles : au-delà de l’agression militaire contre l’Ukraine, la Russie mène une guerre hybride visant à affaiblir les démocraties de l’Est européen. La Moldavie et la Géorgie, qui ont toutes deux exprimé leur volonté de rejoindre l’UE, sont devenues des théâtres d’affrontement entre visions géopolitiques antagonistes.
L’approche proactive de l’UE reflète également la fragilité des équilibres dans ces pays. En Moldavie, les élections législatives prévues pour le 28 septembre sont perçues comme un moment charnière pour l’avenir pro-européen du pays. Leur issue pourrait influer directement sur le processus d’intégration de l’Ukraine, étroitement lié à celui de la Moldavie dans le cadre des négociations d’adhésion.
Obstacles internes à l’UE et risques stratégiques
Malgré cette fermeté affichée, les efforts européens se heurtent à des résistances internes. Le gouvernement hongrois de Viktor Orbán, réputé proche du Kremlin, bloque toujours l’ouverture du premier cluster de négociations d’adhésion pour l’Ukraine et la Moldavie. Orbán, en échange de tarifs énergétiques préférentiels et de concessions économiques, freine toute avancée significative qui pourrait contrarier les intérêts de Moscou.
La perspective d’un retour de la Géorgie et de la Moldavie dans l’orbite russe constituerait bien plus qu’un simple revers diplomatique. Elle signalerait une défaite stratégique pour l’Europe face à l’axe autoritaire que forment la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Dans ce contexte, l’UE semble déterminée à agir en amont pour prévenir de tels basculements.