Perquisition au siège du RN : toutes les informations sensibles, y compris les listes de candidats pour les prochaines législatives, ont été saisies.

Perquisition au siège du RN : toutes les informations sensibles, y compris les listes de candidats pour les prochaines législatives, ont été saisies.

10.07.2025 11:33
3 min de lecture

Laurent Jacobelli, député et personnalité éminente du Rassemblement National, a été reçu en tant qu’invité politique jeudi 10 juillet 2025. Suite aux perquisitions effectuées au siège de son parti, il a exprimé ses inquiétudes face à une dérive démocratique, rapporte TopTribune.

Alix Bouilhaguet : Bonjour Laurent Jacobelli. Hier (mercredi 9 juillet), des perquisitions ont eu lieu au siège du Rassemblement National. Les autorités judiciaires enquêtent sur des allégations de contournement des règles de financement liées aux élections de 2022 et 2024. Avant de discuter en profondeur de ces accusations, pouvez-vous nous décrire le déroulement de l’intervention ?

Laurent Jacobelli : À peine avant 9 heures, une vingtaine de policiers, comme c’est souvent le cas dans ces situations, armés et équipés de gilets pare-balles, se sont présentés au siège du Rassemblement National pour procéder à une perquisition. Nous n’avons pas été informés à l’avance et nous avons appris le motif via les médias quelques heures plus tard. C’était une expérience singulière, surtout parce que nous n’avons rien à nous reprocher. L’arrivée de la police a été particulièrement surprenante.

Quelles ont été les saisies effectuées ?

Tout a été pris. Cela comprend les contenus des ordinateurs, divers documents, ainsi que des informations concernant des prêts faits par des particuliers au Rassemblement National. Nous avons perdu nos listes de candidats pour les prochaines élections législatives, ainsi que nos stratégies de campagne, des éléments qui devraient rester confidentiels. En somme, notre parti est maintenant ouvert aux yeux de tous, ce qui pourrait être problématique dans un contexte où notre adversaire, qui semble en perte de vitesse, est prêt à tout pour conserver son pouvoir.

Hier, vous avez accusé les magistrats d’espionnage politique. Théâtre d’une opération destinée à accéder à vos données stratégiques, remettez-vous en cause l’indépendance judiciaire ?

Nous questionnons les pratiques d’un système devenu excessif. Imaginez une situation similaire en Italie, en Pologne ou en Hongrie où le pouvoir référence les perquisitions d’un parti d’opposition, présumé sur le point de prendre le pouvoir selon les sondages. Le harcèlement continu que nous subissons ne pourrait-il pas être considéré comme un signe inquiétant pour la démocratie ? Actuellement, c’est notre parti, premier dans l’opposition, qui subit cette intrusion.

Pourquoi croyez-vous qu’un juge d’instruction s’intéresserait à votre stratégie électorale ?

Pour un juge d’instruction, je ne sais pas, mais pour d’autres, la réponse semble évidente. Croire que les documents saisis seront gardés sous scellés pour toujours est naïf. Qui nous garantit qu’un jour, un média comme Mediapart ne révélera pas certaines informations sensibles ? Les documents concernant les prêts faits au Rassemblement National ont été reportés auprès de la Commission nationale des comptes de campagne, donc leur recherche soulève des interrogations.

Parlez-vous d’un gouvernement craintif, orchestré par Emmanuel Macron ?

Est-ce Emmanuel Macron ou des juges ? Un véritable changement est palpable tant en France qu’en Europe. Nos idées, portées par Marine Le Pen et Jordan Bardella, semblent séduire de plus en plus de Français, ce qui inquiète ceux qui s’accrochent au pouvoir depuis des décennies.

Parlez-vous d’un complot politique ?

Je n’adhère pas à la théorie du complot. Mais pourquoi nous cible-t-on encore et encore avec de faux scandales ? Dans une démocratie, perquisitionner le premier parti du pays sans justification sérieuse pose question.

Jordan Bardella évoque une dérive antidémocratique, comparant la situation de la France à celle de la Russie. Avez-vous l’impression que nous ne vivons plus en démocratie ?

Dans un pays où la leader de l’opposition est empêchée de se présenter aux élections, où les chaînes de télévision critiques sont censurées et où le principal parti politique est perquisitionné sans raison apparente, cela remet en question notre définition de la démocratie. Si cela constitue une démocratie à vos yeux, alors il est peut-être temps de redéfinir ce terme ou de réviser les pratiques d’un système visiblement désespéré de maintenir son emprise.

Il est vrai que des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs partis au fil des ans. Cela inclut le PS en 1992, l’UMP en 2014, le MoDem en 2017, LFI en 2018, et même le parti présidentiel Renaissance en 2022. Quelle est donc la différence dans votre cas ?

Nous savons pourquoi nous sommes perquisitionnés. Des membres ont simplement voulu participer, parfois en prêtant des montants modestes de 100 ou 200 euros, et nous sommes blâmés comme si nous étions des banquiers clandestins. Cela prête à rire, ou à pleurer, car cela montre bien que notre démocratie est en danger.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER