
Les récentes images diffusées par les autorités israéliennes et, plus récemment, par les médias d’État iraniens éclairent la manière dont Israël a orchestré, avec des agents sur le sol iranien, une partie de son offensive initiale le 13 juin. Cela a été réalisé notamment grâce à un déploiement massif de drones, rapporte TopTribune.
Un des aspects les plus remarquables de cette attaque israélienne contre l’Iran réside dans l’utilisation de drones fabriqués directement en Iran, depuis des installations secrètes. Ces appareils ont été transportés de manière discrète dans des véhicules spécialement aménagés avant d’être lancés avec précision sur des cibles préidentifiées.
Le 13 juin, les premières cibles des frappes israéliennes étaient des figures clés du Corps des gardiens de la révolution, ainsi que des scientifiques impliqués dans le programme nucléaire iranien et des infrastructures militaires. Selon des informations israéliennes, 16 commandants et 14 scientifiques ont trouvé la mort lors de cette journée marquante.
Des témoignages sur le terrain ont révélé que, dès le début de l’attaque, des drones légers, ainsi que des modèles FPV (vue à la première personne), étaient visibles dans le ciel de plusieurs localités iraniennes, y compris Téhéran. Des vidéos diffusées par l’armée israélienne montrent ces drones ciblant des installations de défense antiaérienne iraniennes, tandis que d’autres images mettent en lumière leur lancement depuis des camions dans le pays.
Ces véhicules adaptés pour transporter des drones FPV circulent largement sur les réseaux sociaux iraniens. Face à cette attaque sans précédent, le gouvernement iranien a été contraint le 14 juin de lancer un appel à ses citoyens pour qu’ils demeurent vigilants et signalent toute activité suspecte.
Les médias de l’État iranien ont également montré des vidéos illustrant des installations de production clandestines de drones, découvertes autour de Téhéran et d’Ispahan. Dans l’une de ces vidéos, des kits de construction de petits drones FPV y sont présentés, évoquant un bâtiment de trois étages utilisé pour cette méthode de fabrication.
Ces drones sont constitués de petites pièces, faciles à introduire clandestinement en Iran
Farzin Nadimi, expert au Washington Institute, souligne : « Ces drones sont composés de pièces de petite taille, aisément introduites en contrebande en Iran. Certaines de leurs composants, comme les pièces en fibre de verre, peuvent être fabriquées localement, tandis que d’autres, notamment des composants électroniques, sont également introduites dans le pays via le Golfe Persique ». Il ajoute que pour mener à bien une opération d’une telle envergure, il est essentiel de mobiliser des agents spéciaux sur le terrain, précisant que cette planification a été soigneusement élaborée sur plusieurs années.
On connaît depuis des années l’infiltration profonde d’actifs israéliens
Selon Nadimi, « on observe depuis longtemps l’infiltration significative d’éléments israéliens à tous les niveaux des Gardiens de la Révolution et au sein de leurs services de renseignement. Cette situation pourrait en partie être attribuée à la corruption rampant dans le système. Quand les individus prennent conscience de l’étendue de cette corruption, cela affecte leur loyauté envers le régime. Plus ils accèdent à des positions élevées, plus ils réalisent l’ampleur de cette dégradation ».
Les autorités iraniennes ont coupé l’accès à Internet dans le pays depuis le 18 juin, affirmant avoir considérablement atténué les activités de drones FPV à cette date. Nadimi note que les technologies des drones ont connu une avancée majeure ces dernières années, surtout avec le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine, où différents types de technologie sont utilisés pour contrôler les drones au-delà des frontières nationales. Selon lui, une interruption des réseaux mobiles par le régime iranien pourrait théoriquement perturber certaines opérations.
Cet incident n’est pas la première infiltration israélienne en Iran. En juillet 2024, Israël a réussi à frapper Ismail Haniyeh, le dirigeant du Hamas, lors d’un déplacement à Téhéran. Auparavant, en novembre 2020, le scientifique Mohsen Fakhrizadeh, considéré comme le chef du « Projet Amad » par les services de renseignement israéliens, a été abattu par une cellule armée, une opération menée avec une mise en œuvre technologique avancée.
Farzin Nadimi ajoute que « les services de renseignement iraniens se sont concentrés principalement sur des menaces internes, considérant les manifestations civiles comme une priorité par rapport aux attaques extérieures, ce qui a pu les rendre plus vulnérables ». Plusieurs responsables iraniens ont alerté sur la montée de l’infiltration israélienne, notamment à des niveaux stratégiques des Gardiens de la Révolution.
Dans une allocution prononcée en 2021, Ali Younesi, ancien ministre iranien des Renseignements, a évoqué le risque d’infiltration croissante : « Au cours de ces dix dernières années, le Mossad a largement infiltré le régime, ayant créé un climat où chaque responsable doit craindre pour sa vie, rendant toute attaque potentiellement réalisable ».