Le 17 juin 2025, la Pologne a confirmé une série de perturbations du signal GPS dans la région de la mer Baltique, évoquant une interférence délibérée menée par la Russie. Ce sabotage électronique inquiète non seulement Varsovie, mais aussi les alliés de l’OTAN, qui voient là une tactique de guerre hybride en pleine escalade.
Un brouillage GPS ciblé, dénoncé par Varsovie
C’est depuis la base aérienne militaire de Lądkowo, au nord de la Pologne, que le vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale, Władysław Kosiniak-Kamysz, a lancé l’alerte. Selon lui, les interférences dans le ciel et les eaux de la Baltique deviennent trop fréquentes pour être accidentelles.
La Pologne accuse directement la Russie d’utiliser des technologies de brouillage pour semer le chaos dans les communications de navigation. Treize États membres de l’UE ont d’ailleurs saisi la Commission européenne, exigeant des mesures urgentes face à ces attaques technologiques qui visent le cœur de la sécurité du continent.
Une stratégie connue : semer le doute, désorganiser, tester les limites
Ce n’est pas la première fois que Moscou agit de la sorte. En mars 2024, près de 870 avions avaient déjà subi des perturbations similaires. En janvier 2025, ce sont des navires commerciaux et des chalutiers de pêche dans la Baltique qui ont été ciblés. Ces brouillages ne sont pas le fruit du hasard : ils relèvent d’une stratégie rodée de guerre électronique.
Ces techniques ont été testées par la Russie dans la mer Noire, notamment autour de la Crimée occupée, où plus de 10 000 distorsions GPS ont été enregistrées depuis 2022, selon l’ONG américaine C4ADS. Le principe est simple mais redoutable : les signaux GPS sont manipulés ou bloqués, falsifiant la position réelle d’un avion ou d’un navire, qui peut alors se retrouver complètement désorienté.
Une menace grandissante pour les civils et les forces alliées
Un rapport de la Direction nationale du renseignement américain l’affirme : la Russie accorde une importance stratégique aux capacités de brouillage des systèmes de positionnement par satellite. Le Kremlin a déjà eu recours à des attaques de type « spoofing » à proximité de Kaliningrad et de la Crimée en 2016, 2017, 2019 et 2022 — ce qui rend ces pratiques récurrentes, coordonnées, et préoccupantes.
Ces brouillages affectent non seulement les dispositifs militaires, mais également la navigation civile, les vols commerciaux et le transport maritime international, en mettant en danger des centaines de vies et des infrastructures essentielles.
Une violation des normes internationales en toute impunité
Les actions russes violent de manière flagrante l’article 47 de la Constitution de l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui impose aux États membres de prévenir toute émission de signaux trompeurs ou dangereux. Malgré cela, Moscou agit sans scrupule ni crainte de sanctions, laissant le droit international bafoué.
Il ne s’agit plus seulement de brouiller des signaux : c’est la stabilité technologique de l’Europe et la sécurité des routes aériennes et maritimes qui sont remises en question. Face à cette guerre invisible, mais bien réelle, l’Europe est appelée à réagir.