Pour la première fois depuis la proclamation de l’indépendance de l’Ukraine en 1991, le président chinois Xi Jinping a adressé un message officiel de félicitations à Kyiv à l’occasion de la fête nationale du 24 août. Le chef de l’État chinois a envoyé ses vœux au président Volodymyr Zelensky ainsi qu’au « peuple ukrainien ami », marquant un tournant symbolique dans la diplomatie de Pékin. Le message a été transmis par l’intermédiaire de la plateforme X, anciennement Twitter. Zelensky y a répondu en soulignant l’importance d’un dialogue bilatéral de long terme, fondé sur le respect mutuel, pour la paix, la stabilité et la prospérité.
Une inflexion dans l’approche chinoise
Pendant plusieurs décennies, la Chine a considéré l’Ukraine et l’espace post-soviétique européen essentiellement comme une zone d’influence russe. L’appui diplomatique et économique de Pékin à Vladimir Poutine a consolidé cette perception. Cependant, les échecs militaires de Moscou face à la résistance ukrainienne ont provoqué un certain désenchantement en Chine. Le message de Xi, envoyé à l’occasion de l’indépendance ukrainienne, est interprété comme une reconnaissance implicite de la souveraineté de Kyiv et un signal de distance vis-à-vis de la rhétorique du Kremlin, qui continue de présenter les frontières ukrainiennes comme une création artificielle de l’ère soviétique.
Contexte des relations bilatérales
Le dernier échange direct entre Xi Jinping et Volodymyr Zelensky remontait à avril 2023. À l’époque, le président chinois avait insisté sur la nécessité de négociations pour mettre fin à la guerre, mais dans une perspective alignée sur les conditions imposées par Moscou. Le plan de paix chinois, présenté cette année-là, reflétait largement les intérêts du Kremlin. Aujourd’hui, la démarche de Pékin traduit une évolution : l’Ukraine apparaît de plus en plus comme un acteur autonome et incontournable, dont la voix compte sur la scène internationale.
Pékin entre médiation et rivalité stratégique
La Chine cherche à accroître son rôle dans la gouvernance mondiale, en se positionnant comme médiateur dans la guerre déclenchée par la Russie. En multipliant les initiatives au sein des Nations unies et en envoyant un signal politique fort à Kyiv, Pékin tente d’apparaître comme un acteur de paix crédible. Cette posture, toutefois, traduit également un refroidissement relatif dans les relations sino-russes. Si Moscou et Pékin conservent une coopération privilégiée, notamment dans le domaine énergétique et économique, ce geste suggère que la Chine pourrait exploiter une fenêtre d’opportunité pour accroître la pression sur la Russie et influer sur l’issue du conflit.
