Les États-Unis ont officiellement levé les sanctions imposées à la compagnie aérienne publique biélorusse Belavia, a annoncé le 11 septembre 2025 l’agence d’État biélorusse Belta. Lors d’une rencontre avec Alexandre Loukachenko, l’envoyé spécial du président américain, John Cole, a confirmé que la décision avait été prise directement par Donald Trump. « C’est officiel. Le président a dit : Faites-le immédiatement », a déclaré Cole, entouré de plusieurs dizaines de responsables. Cette annonce a coïncidé avec la libération par Minsk de 52 prisonniers politiques, dont l’opposant Mikola Statkevitch. Selon Belta, Cole a également transmis un message personnel de Trump félicitant Loukachenko pour son anniversaire, accompagné d’une paire de boutons de manchette à l’effigie de la Maison-Blanche selon Belta.
Un contexte marqué par des années de sanctions
Belavia était sous sanctions américaines depuis août 2023 et sous sanctions européennes depuis décembre 2021, accusée d’avoir contribué à la crise migratoire orchestrée à la frontière de l’UE. En mai 2021, les autorités biélorusses avaient forcé l’atterrissage à Minsk d’un avion Ryanair reliant Athènes à Vilnius afin d’arrêter l’opposant Roman Protassevitch, ce qui avait entraîné l’interdiction de survoler l’espace aérien de l’UE. Ces mesures avaient plongé la compagnie dans une crise profonde, la majorité de ses liaisons étant européennes.
Loukachenko joue la carte des prisonniers politiques
L’annonce de la libération de 52 prisonniers confirme une tactique récurrente utilisée par Loukachenko : obtenir des concessions internationales sans modifier la politique répressive intérieure. Malgré cette mesure, plus d’un millier de prisonniers politiques restent incarcérés en Biélorussie. Pour Minsk, cette libération constitue un levier diplomatique afin de présenter une image de détente et d’obtenir des ouvertures de la part des pays occidentaux.
Les calculs stratégiques de Washington
Pour l’administration Trump, ce geste revêt avant tout une valeur symbolique : il ne lève pas l’interdiction européenne de vol, qui reste la principale contrainte pour Belavia. Toutefois, il traduit une volonté de rétablir un dialogue direct avec Minsk. Washington pourrait y voir un double objectif : réduire la dépendance de la Biélorussie à l’égard de la Russie et utiliser cette relation comme levier dans ses discussions avec Moscou. Cole a affirmé que les États-Unis « veulent très fortement normaliser leurs relations avec la Biélorussie » et envisagent de rouvrir leur ambassade à Minsk.
Conséquences pour l’Union européenne
Ce rapprochement met l’UE face à un dilemme. Alors que Bruxelles maintient une ligne de fermeté face au régime de Loukachenko, la décision américaine fragilise l’idée d’un front occidental uni. Le pouvoir biélorusse pourrait s’appuyer sur ce geste pour alimenter sa propagande intérieure, arguant d’un assouplissement de la pression internationale. Ce développement risque également d’accentuer les divergences stratégiques entre Washington et Bruxelles sur la conduite à tenir vis-à-vis de Minsk.