Depuis trois ans, les plus grosses sociétés doivent avoir au moins un véhicule neuf et propre sur cinq. Une obligation provenant d’une loi adoptée en 2019 et dont le but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Seule une grande entreprise sur quatre, soit 25%, joue vraiment le jeu de la voiture électrique en France. C’est en résumé la conclusion de l’étude annuelle publiée mercredi 19 février par l’ONG européenne Transport & Environnement, qui milite en faveur de la transition écologique, et qu’a pu consulter franceinfo. D’un côté, il y a La Poste, et les célèbres fourgonnettes jaunes des facteurs, presque 4 600 véhicules immatriculés en 2024 dont 69% de modèles électriques. De l’autre, la SNCF qui atteint à peine 5%.
Selon le rapport, également consulté par France Inter(Nouvelle fenêtre), certaines entreprises fournissent les efforts demandés et vont même au-delà des objectifs, comme La Poste ou encore l’opérateur Orange. Au sujet de l’électrification des flottes, La Poste a acheté 69% de véhicules électriques en 2024. Ce chiffre atteint 41% pour Orange. D’autres, en revanche, ne respectent pas la loi. C’est le cas de la SNCF qui a acheté 5% de voitures électriques en 2024, d’Altice (la maison mère de SFR) qui n’en a pas acheté en 2024 ou encore du groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (8% de voitures électriques achetées en 2024). À noter que toutes les entreprises citées n’ont pas souhaité répondre à France Inter.
Ces écarts sont difficilement explicables au sein des 3 700 groupes soumis aux quotas prévus par la loi d’orientation des mobilités (LOM). Cette loi adoptée lors du premier mandat d’Emmanuel Macron fixe pourtant des objectifs de verdissement des grandes flottes d’entreprise de plus de 100 véhicules (voitures de fonction ou de service, mais aussi locations de courte ou longue durée). L’objectif est de 20% pour la période 2024-2026.
Un enjeu colossal
Léo Larivière, auteur de l’étude pour l’ONG Transport & Environnement, y voit surtout le manque de volonté de certains patrons et comités de direction : « On utilise beaucoup les obstacles techniques opérationnels, la recharge par exemple, ou l’autonomie comme des prétextes pour dire qu’on n’y va pas. En fait, les entreprises leaders nous montrent qu’aucun de ces obstacles n’est aujourd’hui insurmontable. »
L’enjeu est pourtant colossal, car les flottes d’entreprise représentent l’immense majorité des achats de voitures neuves en France et alimentent ensuite le marché de l’occasion pour les particuliers. Cela pénalise aussi les constructeurs français qui lancent des modèles électriques : Renault R5, Citroën e-C3 ou Peurgeot e-3008. « Ils vont avoir besoin, à un moment donné, de pouvoir vendre leur véhicule à ces grandes entreprises, explique Léo Larivière. Des véhicules qui sont assemblés à Douai ou à Sochaux. Donc, il y a cet enjeu industriel, il y a aussi l’enjeu social et puis derrière, évidemment, il y a l’enjeu climatique », juge Léo Larivière.
D’où un appel à instaurer des sanctions financières à l’encontre des grandes entreprises qui ne respectent pas les objectifs. C’est ce que prévoit d’ailleurs une proposition de loi déposée la semaine dernière à l’Assemblée par deux députés, le socialiste Gérard Leseul et Jean-Marie Fiévet, député du groupe Ensemble pour la République.