Selon une recherche menée par le Forum Vies Mobiles en collaboration avec l’Université Lyon 2, le coût global du système automobile en France s’élève chaque année à 305 milliards d’euros. Ce chiffre, qui dépasse largement les estimations antérieures, représente plus de 10 % du produit intérieur brut du pays, rapporte TopTribune.
Une évaluation complète des coûts liés à la voiture
Traditionnellement, les études se concentraient sur les dépenses directes comme l’acquisition d’un véhicule, les frais de carburant, d’assurance et d’entretien. Toutefois, cette nouvelle analyse prend en compte des coûts indirects souvent négligés, tels que les pertes économiques dues aux embouteillages, la dégradation de l’environnement, les risques sanitaires liés à la pollution sonore, ainsi que les dépenses publiques pour les infrastructures et les aides à la mobilité. L’étude met à jour les données de 2015 à 2023 et élargit le champ d’analyse afin de mieux représenter l’impact réel de l’automobile sur la société dans son ensemble.
Les résultats indiquent que la majorité des coûts sont supportés par les usagers. En moyenne, chaque propriétaire de véhicule dépense annuellement 5 900 euros. Cependant, cette somme ne couvre pas toutes les dépenses. En incluant les coûts assumés par les collectivités et les pertes subies par la société, que ce soit à travers la pollution, les accidents ou les nuisances sonores, la dépense annuelle par véhicule atteint 8 530 euros. Actuellement, environ 70 % des coûts liés à la circulation automobile en France sont à la charge des ménages, tandis que l’État ne couvre qu’environ 10 %. Le reste des frais est dilué dans le budget de la société sans être clairement identifié.
Les postes de coût les plus élevés
Les coûts les plus significatifs sont liés aux dépenses en carburant, qui totalisent environ 55 milliards d’euros par an, surtout en raison de l’augmentation des prix de l’énergie. Les frais d’entretien et d’assurance connaissent également une hausse, due en partie au vieillissement du parc automobile. Un autre aspect notable est que le stationnement résidentiel représente près de 28,5 milliards d’euros par an, un coût souvent masqué car il est inclus dans le prix du logement ou dans l’aménagement urbain. L’analyse inclut également les aides publiques à l’automobile, telles que les primes à la conversion et les chèques carburant, qui pèsent sur les finances publiques sans forcément inciter à une transition vers des modes de transport plus durables.
Cet exposé met en lumière une contradiction importante. D’une part, les autorités cherchent à favoriser la transition écologique, et d’autre part, elles continuent de subventionner un système automobile onéreux, parfois au détriment d’alternatives plus durables. En 2023, les aides considérées comme les moins compatibles avec les objectifs climatiques ont coûté davantage que celles destinées à promouvoir les véhicules écologiques. Cette situation questionne la cohérence des politiques urbaines et la place donnée à l’automobile dans les choix collectifs.
Le Forum Vies Mobiles souligne l’urgence d’initier un débat national concernant l’avenir de la mobilité en France. L’étude appelle à repenser en profondeur l’organisation des déplacements, en tenant compte des coûts cachés qui pèsent sur les citoyens, les territoires et l’environnement. Un second rapport, prévu pour septembre, proposera des idées concrètes pour développer un système de transport plus économique, inclusif et respectueux des enjeux environnementaux.