Visite de députés à la prison de la Santé où est incarcéré Nicolas Sarkozy
Le 27 octobre, les députés Danièle Obono et Ugo Bernalicis ont visité le centre pénitentiaire de la Santé à Paris, où Nicolas Sarkozy purgait une peine de cinq ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs, dans le cadre de l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle. Cette visite, accompagnée de journalistes, s’inscrit dans un cadre de contrôle parlementaire. Cependant, des accusations de tourisme carcéral ont émergé, rapporte TopTribune.
Arrivés vers 10 heures, les deux parlementaires ont exprimé leur intention de mettre en lumière les conditions de détention à la prison, soulignant un taux d’occupation alarmant de 190%, ainsi qu’une augmentation des agressions au sein de l’établissement. « Nous avons constaté des dizaines de matelas au sol », a déclaré Ugo Bernalicis.
Depuis 2016, les parlementaires ont la possibilité de visiter les prisons de manière inopinée. La visite a réellement débuté vers 11 heures et, à midi, Bernalicis a pris connaissance d’un article du Journal du Dimanche évoquant leur souhait de rencontrer Sarkozy. Ce dernier bénéficie d’une protection exceptionnelle en détention, avec deux officiers de sécurité à son service, justifiée par son statut, selon le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.
Les députés ont tenté de visiter le quartier d’isolement, de rencontrer Sarkozy et d’interroger les policiers sur sa protection. Cependant, Ugo Bernalicis a nié avoir formulé une demande pour voir l’ancien président. « Nous n’avons pas vu Nicolas Sarkozy et nous n’avons pas demandé à le voir », a-t-il affirmé lors d’une déclaration à franceinfo.
« Certains détenus nous ont expliqué que leur parloir avait été décalé et sont convaincus que c’est à cause de la présence de Nicolas Sarkozy. »
Ugo Bernalicisà franceinfo
Un journaliste présent lors de la visite a confirmé que la demande de rencontre avec Sarkozy n’avait pas été faite. Pour accéder au quartier d’un détenu en particulier, une autorisation spéciale est requise, ce dont Bernalicis était visiblement conscient.
Durant la visite, les députés ont pu explorer divers secteurs de la prison, y compris le quartier disciplinaire et celui destiné aux détenus vulnérables. Toutefois, les journalistes ont été exclus de la visite du quartier d’isolement, où se trouve Sarkozy, en raison de directives de sécurité. « Le directeur a précisé avoir reçu des instructions récentes pour des raisons de sécurité », a noté le journaliste de Politis.
« Ce qui est ironique, c’est que j’ai pu entrer avec des téléphones lors de mes précédentes visites », a ajouté Bernalicis. Le groupe a observé le quartier d’isolement, notant la présence de cellules surpeuplées et de conditions de vie précaires. « L’état de la prison est clairement dégradé », a-t-il commenté.
« Nous sommes entrés dans une cellule de 9 m², occupée par trois personnes, avec un matelas au sol. »
Ugo Bernalicisà franceinfo
La visite a marqué un moment de médiatisation pour les conditions de détention en France, suscitant des interrogations sur le traitement réservé à Sarkozy par rapport aux autres détenus. Le député insoumis a également critiqué le traitement médiatique rapide des détails de leur visite par des organes de presse conservateurs, suggérant des connexions avec le cabinet du ministre de la Justice.
Le ministre a par ailleurs indiqué son intention de se rendre à la prison pour s’assurer des conditions de sécurité de Sarkozy. De son côté, Bernalicis a insisté sur le fait que l’incarcération de l’ancien président ne devrait pas nuire aux autres détenus, affirmant que les difficultés en prison sont universelles.