À partir de vendredi, le Collège de médecine générale envoie aux généralistes de France un kit de prévention pour assurer une bonne prise en charge des victimes.
Une personne sur trois est victime de violences et les premiers interlocuteurs de ces patients ce sont les médecins. Pour les aider à mieux gérer ces situations, le Collège de la médecine générale envoie, vendredi 18 octobre, à tous les généralistes un « kit de prévention ».
Il arrive régulièrement qu’un médecin reçoive des patients victimes de violence. Dans son cabinet de Deuil-la-Barre, dans le Val-d’Oise, le docteur Nadia Zouarh reçoit des femmes maltraitées par leur mari, des enfants harcelés à l’école ou des nourrissons frappés par leur nounou, comme cet enfant de trois ans.
« C’est un enfant qui a changé d’attitude. Il était très gai, très éveillé, et qui manifeste des crises d’angoisse, des troubles du sommeil, des états d’agitation, indique le docteur. C’est un enfant qui était gardé par une assistante maternelle et il revenait avec des coups… C’est malheureusement aussi quelque chose qui peut arriver. » Les chiffres présentés dans le kit montrent que les victimes de violence risquent plus de développer un diabète, un cancer, ou de faire des tentatives de suicide.
Un « violentomètre » et les numéros utiles
Dans ce kit que vont recevoir les médecins généralistes, on retrouve notamment des fiches pratiques. L’une fait un état des lieux des violences, leurs conséquences sur la santé. Une autre zoome sur les procédures à enclencher : dépôt de plainte par la victime, alerte au procureur si c’est un mineur ou une personne vulnérable.
Il y a aussi une fiche sur tous les interlocuteurs qui peuvent aider, leurs numéros de téléphone, un focus sur l’importance de faire un certificat médical et des outils comme le « violentomètre », que le médecin pourra utiliser pour aider ses patients à parler. Il s’agit d’une sorte de réglette qui va du vert au rouge, de la « bienveillance » aux « menaces et comportements violents » et dont le dégradé varie selon le comportement des interlocuteurs.
« Je pense que je le montrerai beaucoup plus à des personnes adultes, à des femmes victimes de violences, confie Nadia Zouarh. Parce que certaines personnes n’ont pas le sentiment de souffrir quand elles sont avec leur mari. Mais quand c’est quelque chose qui est répété et qu’on dit : ‘Vous ne pensez pas qu’il aurait pu vous remercier parce que vous aviez préparé un bon petit plat et pas vous jeter le plat à la figure parce qu’il était trop froid ? Et, du coup, vous ne voulez vraiment pas porter plainte ? »
En lisant ce kit, la généraliste l’assure : elle va désormais systématiquement rédiger un certificat médical pour garder une trace de toutes ces situations de violences.