Viaduc de Millau : un exploit technique au service des records et de l'identité régionale, retour sur la construction d'une œuvre qui incarne le génie français.

Viaduc de Millau : un exploit technique au service des records et de l’identité régionale, retour sur la construction d’une œuvre qui incarne le génie français.

10.08.2025 06:43
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SÉRIE 6/6. Au début des années 1980, Millau et la vallée du Tarn font face à un flot constant de véhicules, notamment pendant les vacances d’été. Les vacanciers empruntent cette route vers la Méditerranée, ce qui engendre de chroniques embouteillages, causant un réel désagrément pour les habitants. C’est alors qu’émerge l’idée d’un contournement, rapporte TopTribune.

En 1987, le ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement engage une étude pour établir un itinéraire autoroutier reliant Clermont-Ferrand à Béziers, qui deviendra plus tard l’A75. Ce projet met en lumière le défi majeur du franchissement de la vallée du Tarn, impliquant la construction d’une structure de grande envergure. Plusieurs tracés et options techniques sont envisagés. Après de nombreuses consultations publiques et débats, le choix se porte en 1996 sur un viaduc à haubans, conçu par l’ingénieur Michel Virlogeux et l’architecte britannique Sir Norman Foster, et ainsi naît le Viaduc de Millau.

Esthétique et technique

À l’époque, le ministre de l’Équipement, Bernard Pons, annonce le résultat d’un concours où cinq projets s’affrontaient, mais c’est celui de Norman Foster qui séduit par son élégance. Le viaduc, long de 2 460 mètres, est soutenu par des haubans ancrés à sept piles. Pour donner une idée de son ampleur, la Tour Eiffel pourrait s’étendre entre deux de ces piles. La plus haute d’entre elles atteint 245 mètres, tandis que le viaduc culmine à 343 mètres, dépassant d’une dizaine de mètres le célèbre monument parisien.

Toutefois, cette œuvre emblématique ne se limite pas à son aspect esthétique. Elle doit garantir solidité, sécurité des usagers, résistance au vent, et intégration dans le paysage environnant. Le ministre Jean-Claude Gayssot a alors confié le chantier à Eiffage, qui finance l’opération et se rémunère par le péage sur une durée de 75 ans. Le coût total du projet s’élève à 400 millions d’euros, comprenant le viaduc et la barrière de péage.

Un chantier millimétré d’une rapidité déconcertante

Le projet démarre officiellement avec la pose de la première pierre par Jean-Claude Gayssot, le 14 décembre 2001, marquant le début de la construction du Viaduc de Millau. Le défi est colossal : ériger ces imposantes piles de béton dans une vallée profonde où coule la rivière Tarn. Chacune de ces structures repose sur des fondations de 15 à 20 mètres de profondeur, avec un volume total de béton de 206 000 tonnes, soit l’équivalent du poids d’environ cinq porte-avions Charles de Gaulle. « À l’époque, deux centrales à béton ont été mises en place pour produire le béton sur site », explique Maud Limare-Alcouffe, responsable communication. « L’aspect incroyable, c’était la vitesse d’avancement des travaux, car les piles prenaient 4 mètres tous les 3 jours ».

Un autre défi technique majeur a été l’assemblage du tablier d’acier de 36 000 tonnes. « Aucune solution n’avait été entièrement conçue pour ce chantier. Nous avons uniquement ajusté des méthodes existantes à l’échelle du viaduc », déclare la guide du site. « L’innovation d’Eiffage est la machine qui déplace le tablier dans le vide, qu’on appelle un translateur ». Le tablier, fabriqué par segments, est progressivement déplacé au-dessus du vide grâce à des vérins hydrauliques.

En décembre 2003, les deux moitiés du tablier se rejoignent et les pylônes métalliques sont installés avec leurs haubans respectifs. « Sur la pile 2, la plus haute, il y a à peu près un millier de barreaux pour grimper, ce qui nécessite environ deux heures pour les inspections », plaisante Maud Limare-Alcouffe.

La construction « monumentale » du Viaduc de Millau est achevée en seulement trois ans. Le 14 décembre 2004, le président Jacques Chirac inaugure l’ouvrage, qualifiant celui-ci d’exceptionnel et honorant le savoir-faire français. Deux jours après, les premiers véhicules traversent la vallée en quelques secondes, alors qu’auparavant, cela pouvait prendre des heures durant la période estivale. Au-delà de sa fonction autoroutière, le viaduc s’est érigé comme un symbole régional et national, attirant chaque année des centaines de milliers de visiteurs, dont plusieurs dizaines de milliers sont guidés par deux experts qui animent des visites tout au long de l’année. Plus de 20 ans après son achèvement, le Viaduc de Millau demeure l’un des ponts routiers les plus élevés au monde.

Viaduc Expo: https://www.leviaducdemillau.com/accueil-viaduc-de-millau/sur-place/le-viaduc-expo.html

Visites guidées: https://www.leviaducdemillau.com/accueil-viaduc-de-millau/sur-place/les-visites-guidées.html

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