Le 24 juillet 2025, le comité du Parlement polonais chargé des affaires maritimes a donné son feu vert à un projet stratégique du ministère de l’Intérieur : la création d’un Centre national de sécurité maritime. Cet organe coordonnera la protection des infrastructures critiques situées en mer Baltique — des terminaux gaziers aux parcs éoliens en passant par les câbles sous-marins, les oléoducs et les ports. Selon le ministère, le centre servira aussi de plaque tournante pour la surveillance des zones maritimes polonaises et l’échange d’informations opérationnelles.
Pression sur les frontières : la Pologne dénonce un déficit inquiétant de personnel
En marge de cette décision, les membres du comité parlementaire ont adressé une mise en garde urgente au ministre de l’Intérieur : les unités de la garde-frontière dans les régions de Poméranie et de Cachoubie souffrent d’un grave manque d’effectifs, malgré leur rôle clé dans la protection des côtes. Une situation jugée alarmante au vu des « investissements stratégiques dans la sécurité énergétique » déployés dans ces zones. Le Parlement a demandé des mesures immédiates pour combler ces lacunes opérationnelles.
Un nouvel arsenal contre les menaces hybrides et les drones russes
Outre la création du centre, le gouvernement prévoit d’intensifier ses capacités de défense maritime. Selon les autorités, des dispositifs seront déployés pour détecter, neutraliser et intercepter les drones marins de plus en plus présents dans la région. Des unités armées spécialisées pourront également intervenir directement depuis la côte, au nom des opérateurs d’infrastructures critiques. Une nouvelle système radar intégré, actuellement en développement, viendra compléter le dispositif, avec un recours accru aux technologies de nouvelle génération.
L’ombre russe plane sur la Baltique malgré l’élargissement de l’OTAN
À Varsovie, les autorités ne cachent plus leur inquiétude : la Russie est perçue comme la principale menace pour les eaux territoriales polonaises. Depuis l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, la mer Baltique est devenue un « espace intérieur » de l’Alliance. Pourtant, les pressions russes s’intensifient. Les manœuvres militaires de Moscou, la militarisation de Kaliningrad et les tentatives de modifier les frontières maritimes — comme en 2024 au détriment de la Lituanie et de la Finlande — traduisent une dynamique stratégique ouverte, et non plus de simples incidents isolés.
La région est également confrontée à des sabotages, à des cyberattaques et à des activités de guerre hybride. Des drones anonymes, probablement russes, prolifèrent au large, menaçant notamment les éoliennes offshore. Des cas répétés de brouillage des signaux de navigation par la Russie ont déjà perturbé l’aviation civile et les transports maritimes.
Varsovie, Vilnius et Tallinn en tête d’un front défensif régional
Face à l’agressivité croissante de Moscou, les pays riverains de la Baltique resserrent les rangs. La Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie s’engagent à porter leurs budgets de défense jusqu’à 6 % du PIB, un niveau record en Europe. La Lettonie vient de légiférer pour interdire aux ressortissants russes et biélorusses d’exercer dans les secteurs d’infrastructure critique, tandis que l’Estonie développe un navire robotisé pour la surveillance de sa frontière maritime avec la Russie.
De son côté, l’OTAN a renforcé sa présence aérienne dans la région et a lancé la mission Baltic Sentry, spécifiquement conçue pour protéger les infrastructures sous-marines vitales.