Vagues de chaleur, orages à répétition, Sud-Est et Méditerranée en surchauffe... On dresse le bilan de l'été 2024
Vagues de chaleur, orages à répétition, Sud-Est et Méditerranée en surchauffe... On dresse le bilan de l'été 2024

Vagues de chaleur, orages à répétition, Sud-Est et Méditerranée en surchauffe… On dresse le bilan de l’été 2024

03.09.2024
6 min de lecture

Malgré des fortes pluies et un manque d’ensoleillement par rapport à l’été 2023, les températures ont été supérieures aux moyennes calculées sur la période 1970-2000.

L’impression d’un été classique, voire maussade ? La France métropolitaine a connu un été arrosé et le soleil s’est montré plus timide que d’habitude. Mais malgré ce manque d’ensoleillement, la température moyenne du 1er juin au 31 août était de 21,09°C, soit 1,75°C au-dessus de celle calculée sur la période 1971-2000, notamment du fait d’un mois d’août plus chaud que la normale. Au total, 73 jours sur 92 ont été plus chauds que la normale et deux vagues de chaleur ont touché le territoire. Un phénomène amplifié par le réchauffement climatique, causé par l’activité humaine. Franceinfo dresse le bilan météo de l’été 2024. 

Des pluies diluviennes en juillet

Les précipitations ont été très disparates cet été. Elles ont été plus importantes en juin que d’habitude, avec une pluviométrie « excédentaire de 20 % » par rapport à la normale calculée entre 1991 et 2020, mais déficitaire de 25% sur le mois d’août, selon le bulletin de l’été de Météo-France, publié le 2 septembre.

Si les précipitations ont été conformes aux normes de saison en juillet, à certains endroits, « les cumuls mensuels ont dépassé 100 mm à la suite de pluies diluviennes sous de violents orages, rappelle l’institut de prévision (document PDF)Elles ont atteint une fois et demie à plus de deux fois la normale par endroits, notamment du Bassin parisien à la Champagne-Ardenne et au nord de la Lorraine. »

Ces orages ont provoqué des inondations, des coulées de boue et des crues, comme dans le hameau de la Bérarde, en Isère, et dans la vallée de la Vésubie, dans les Alpes-Maritimes. « Plus les températures sont hautes, plus le risque de précipitations intenses est fort. Plus la température de l’air augmente, plus elle peut contenir de l’humidité. Et donc quand il pleut, on a plus de chance que ça ‘précipite’ fort », c’est-à-dire que les précipitations soient plus intenses, avance Antoine Nicault, écologue et coordinateur du groupe régional d’experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur (Grec-Sud).

Si le Bassin parisien ou le Centre ont été très humides, le Sud-Est n’a en revanche reçu presque aucune goutte de pluie. La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur a enregistré un déficit de précipitations de 21% sur l’été 2024 par rapport aux normes de saison. La région a néanmoins pu échapper à la sécheresse grâce aux pluies printanières, qui ont « permis de recharger assez les nappes phréatiques », affirme Antoine Nicault.

Des jours plus chauds qu’avant 2000

La température moyenne de l’été 2024 a été 21,09°C, soit 1,75°C au-dessus de celle calculée sur la période 1971-2000. Comme on peut le voir sur ce graphique, 73 jours de l’été ont été plus chauds que la moyenne des températures mesurées entre 1971 et 2000, seul un jour a été conforme aux normes et 18 ont été plus froids. « Les températures en juin et sur une grande partie du mois de juillet ont été proches des normales de saison, estime le climatologue Serge Zaka. Mais en août, elles sont excédentaires. » 

« L’été 2024 se distingue des étés précédents, extrêmement secs et chauds, notamment ces deux dernières années », poursuit Serge Zaka. En comparaison, il avait fait en moyenne 21,8°C pendant la saison estivale 2023 et 22,7°C en 2022. « On peut donc avoir une impression, faussée, que l’été de cette année a été frais et pluvieux. Mais si on compare à avant 2000, c’est un été chaud », assure le climatologue.

Même constat du côté de Météo-France, cette fois au sujet des températures nocturnes. « Près de 70% de la France a connu au moins une fois durant l’été une nuit dite ‘tropicale’, avec une température nocturne supérieure à 20°C. C’est une proportion du territoire globalement similaire aux étés du 21e siècle, mais bien supérieure à celle du 20e« , explique l’institut dans son bilan. 

Comme le montre ce graphique, l’été 2024 est le neuvième plus chaud depuis 1940, et tous les étés avant l’année 2000 ont été plus frais que lui. « On reste dans un contexte de réchauffement climatique, avec une hausse des températures générales », résume Antoine Nicault.

Des vagues de chaleur moins longues, mais les 40°C dépassés à plusieurs reprises

La France a été frappée par deux vagues de chaleur : une du 30 juillet au 2 août, et une autre du 6 au 13 août. Contrairement à l’été 2022, « les canicules ont été plus courtes que les deux étés précédents. C’est pour ça qu’elles n’ont pas tiré beaucoup la moyenne vers le haut, expose Serge Zaka. On a eu beaucoup de chance, car le reste de l’Europe est en excès thermique exceptionnel », souligne-t-il. Alors que le continent a enregistré son deuxième été le plus chaud, « les températures étaient le plus au-dessus des moyennes au sud et dans l’est de l’Europe », a précisé l’observatoire Copernicus.

Le phénomène, pourtant rare dans le passé, est devenu fréquent. « En France, avant 1989, on observait une vague de chaleur en moyenne une fois tous les cinq ans. Depuis 2000, les années sans vague de chaleur sont rares », rappelle Météo-France sur son site. « On a toujours une variabilité du climat interannuelle, ajoute Antoine Nicault. Mais ce n’est plus : ‘on a une vague de chaleur ou on n’en a pas’, c’est : ‘elles sont plus ou moins longues et intenses' ».

Même si les canicules ont été moins longues, des pics de chaleur ont été observés et la barre des 40°C, exceptionnelle avant 2000, a été dépassée à plusieurs reprises. Le thermomètre a, par exemple, atteint 40,3°C à Moulès-et-Baucels, dans l’Hérault, 41,1°C à Biscarosse et 41,5°C à Hossegor (Landes). « C’est un seuil qu’on ne regardait pas trop avant car il était épisodique. On s’y intéresse de plus en plus, car c’est un bon marqueur du réchauffement climatique », expliquait en juillet Matthieu Sorel, climatologue chez Météo France, à franceinfo. 

Le Sud-Est moins encore plus chaud que la normale

L’été a été marqué par des disparités régionales. Le Sud-Est enregistre un excès de chaleur (+2,5°C à Nice), comparé à la période 1970-2000, plus grand que la Bretagne (+0,3°C à Brest) par exemple. La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur a connu son sixième été le plus chaud depuis 1947, d’après Météo-France. 

Nice (Alpes-Maritimes) a été particulièrement écrasée par la chaleur et pointe à la fin de l’été à 2,5°C au-dessus de la température moyenne (1971-2000), après un été 2023 à +2,7°C. « La période juillet-août a été la deuxième plus chaude » pour cette ville, qui « connaît des nuits tropicales sans interruption depuis le 6 juillet », selon le bilan de Météo-France. « On a eu un peu plus de journées nuageuses qui font baisser les températures la journée, mais conservent la chaleur la nuit », détaille Christine Berne, climatologue à l’institut de prévision.

A noter que lors des étés 2022 et 2023, certaines régions se sont réchauffées autant, voire davantage que le Sud-Est. En 2023, par exemple, Clermont-Ferrand affichait +3,2°C par rapport à la moyenne 1971-2000 et Dijon +2,9°C, d’après les données de Météo-France.

La mer Méditerranée en surchauffe

Pour la deuxième année consécutive, les températures de la mer Méditerranée ont battu des records cet été. Le 15 août, la température médiane quotidienne de la surface de la mer Méditerranée a atteint une valeur inédite de 28,47°C, selon Copernicus Marine. « Depuis le 6 août, les températures de surface de la mer dans la région sont supérieures à 28°C, marquant la période la plus prolongée au-dessus de ce seuil », précisait à cette occasion l’observatoire européen sur X.

Pendant deux étés successifs, la Méditerranée aura ainsi été plus chaude que lors de l’été caniculaire hors norme de 2003, où une médiane journalière de 28,25°C avait été mesurée. « Ces températures extrêmes représentent très bien le réchauffement climatique », glisse Antoine Nicault.

Ces canicules marines se font de plus en plus fréquentes sous l’effet de la hausse des températures, car les mers et océans absorbent 90% de l’excédent de chaleur, d’après l’ONU. Avec des conséquences néfastes sur la biodiversité, comme le blanchiment des coraux, la perturbation de la chaîne alimentaire ou une baisse de la reproduction. 


Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s’est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l’avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

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