D’un côté, le président de la République française fait face à une succession de gouvernements instables. De l’autre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fragilisée par un climat politique tumultueux, se retrouve sous le feu des critiques alors que deux motions de censure pourraient être soumises au vote du Parlement européen ce jeudi, rapporte TopTribune.
Depuis plusieurs mois, von der Leyen est accusée d’avoir répondu aux intérêts de Donald Trump en signant un accord commercial avec les États-Unis, comprenant des taxes de 15 % sur les exportations européennes. Cette semaine, deux motions de censure ont été déposées : l’une par Jordan Bardella, eurodéputé du Rassemblement national, et l’autre par Manon Aubry, coprésidente du groupe de La Gauche (GUE/NGL).
Bien que la situation actuelle soit rare, le succès d’une motion de censure semble peu probable. Depuis 1999, une dizaine de tentatives ont échoué, aucune n’ayant jamais abouti.
FAKE OFF
Le 9 octobre marque la deuxième tentative de destitution en quatre mois, malgré le fait que von der Leyen a été réélue en juillet 2024. Elle fait face à des accusations croissantes de la part des eurodéputés, qui évoquent un climat d’instabilité en Europe exacerbé par la montée de l’extrême droite.
Marie Toussaint, eurodéputée écologiste des Verts/ALE, souligne que la rapidité et la fréquence des motions de censure reflètent des bouleversements politiques majeurs. Tania Racho, spécialiste en droit européen, ajoute que cette situation est favorisée par une représentation plus forte de l’extrême droite au sein du Parlement européen.
Une présence « plus forte » de l’extrême droite
Pour qu’une motion de censure soit déposée, il faut qu’au moins un dixième des eurodéputés la soutienne, soit 72 des 720 députés actuels. Ceci est devenu plus facile pour le groupe de Bardella, qui compte 85 eurodéputés, par rapport aux 46 d’Aubry. Toussaint note que cela nécessite l’appui d’autres groupes politiques, rendant la mobilisation plus complexe et diversifiée.
Une présidente aux soutiens solides
Si l’une des motions était adoptée, cela entraînerait la démission de la Commission et de sa présidente, mais ces membres resteraient en fonction pour gérer les affaires courantes. Cependant, atteindre les deux tiers des suffrages nécessaires pour renverser la Commission semblerait difficile vu le soutien solide dont bénéficie von der Leyen au sein du Parti populaire européen.
Tania Racho précise qu’une majorité importante des eurodéputés sont prêts à soutenir von der Leyen, malgré la probabilité faible de succès des motions de censure.
Le Conseil européen plutôt que le Parlement
Ursula von der Leyen avait déjà échappé à une première tentative de destitution en juillet dernier, quand une motion de l’eurodéputé d’extrême droite Gheorghe Piperea, membre du groupe ECR, a été largement rejetée.
Quant à la possibilité qu’Emmanuel Macron prenne la présidence de la Commission, il n’y a pratiquement aucune chance que cela se réalise. Les annonces précédentes du chef de l’État n’incluent pas un tel projet. Même si cela n’est pas institutionnellement exclu, l’histoire démontre que les anciens présidents se dirigent plutôt vers le Conseil européen, et non la Commission.