La possibilité d’un procès se précise pour Rachida Dati. Mardi, l’on a appris que des juges d’instruction ont ordonné le renvoi de la ministre de la Culture devant la justice dans le cadre de l’affaire Carlos Ghosn, pour des accusations de « corruption et trafic d’influence passifs » ainsi que de « recel d’abus de pouvoir et de confiance », rapporte TopTribune.
Cette décision pourrait compliquer l’avenir politique de la maire du 7e arrondissement de Paris, favorite pour les élections municipales de 2026 dans la capitale, qui a fait appel.
« Une aubaine pour beaucoup de monde »
« C’est une aubaine pour beaucoup de monde, explique un parlementaire des Républicains contacté. Elle est une figure qui ne fait pas l’unanimité, et la possibilité de l’écarter ravira certains », observe-t-il. En fait, lorsqu’il s’agit de Rachida Dati à Paris, peu de voix s’élèvent au sein des Républicains ou même chez Renaissance. Ceux qui en parlent préfèrent le faire discrètement.
D’autres optent pour la prudence. Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement, qui avait affirmé son soutien à Dati en novembre dernier, choisit de rediriger la conversation vers son discours du 9 juillet, plaidant pour une primaire à droite en vue des municipales : « Il est clair, même si Rachida Dati est perçue comme candidate naturelle, qu’il existe d’autres candidatures, telle que celle de Francis Szpiner, et d’autres pourraient émerger », dit-il, soulignant que Dati n’est peut-être pas si « naturelle » désormais.
Catherine Lécuyer, élue du 8e arrondissement et fervente soutiens de Dati pour 2026, ajoute : « Je n’étais pas au fait de la nature des accusations, mais pour moi, elle reste la candidate la plus légitime. Même si des rebondissements judiciaires peuvent survenir, j’ai confiance en Rachida et en la justice. Mais d’autres envisagent peut-être déjà un plan B. »
Un contexte troublé pour Dati
Selon une élue parisienne de droite, il est indéniable que la ministre se heurte à de nombreux adversaires dans la capitale, y compris parmi ses pairs. « C’est la seule capable de défier la gauche à Paris, remarque-t-elle, mais beaucoup parmi nous n’apprécient pas son succès. L’opposition est, dans une certaine mesure, plus confortable, car elle permet simplement de critiquer sans présenter un programme concret. »
Cette opposition est amplifiée par la gauche, qui exploite les difficultés de Dati. Les critiques s’intensifient suite à l’annonce de son renvoi, avec Emmanuel Grégoire, un socialiste, affirmant que « Paris mérite un maire, pas un prévenu », et Ian Brossat raillant le slogan de Bruno Retailleau, « La France des honnêtes gens ». Catherine Lécuyer s’inquiète des attaques à venir, affirmant : « Ils feront tout pour légitimer son échec, ce qui est plus simple que de défendre un bilan. »
En réaction à la situation, d’anciens alliés et adversaires expriment leurs ressentiments. Comme le souligne un parlementaire des Républicains, « elle sera attaquée de toutes parts. Son arrangement avec Macron est mal perçu, et même au sein de son propre parti, elle crée des tensions. Certains préfèreraient voir la gauche prendre les rênes plutôt que de travailler à la victoire de Dati. »
Un avenir incertain
Le politologue Bruno Cautrès prévient que le contexte politique actuel n’est pas favorable à Dati. Il souligne que son avenir et celui de sa candidature dépendront des conséquences judiciaires éventuelles. « La situation est délicate. Avec des accusations de corruption, cela jette une ombre sur ses capacités à attirer des électeurs », note-t-il. Les craintes de la condamnation sont palpables, surtout parmi les électeurs qui montrent une méfiance grandissante envers les politiciens enveloppés de scandales.
Bruno Cautrès conclut que, malgré ses atouts personnels, le climat politique actuel pourrait tarder à lui être favorable. « Elle pourrait tenter de capitaliser sur son énergie et dénoncer un complot à son encontre, mais il est peu probable que cela trouve un écho positif auprès des électeurs dans un contexte déjà plein d’incertitudes. »
Il ajoute que l’avenir politique de Rachida Dati sera déterminé en partie par les décisions de justice à venir, avertissant que si une condamnation survenait, cela pourrait s’avérer dévastateur pour sa carrière. « Un cas de corruption pourrait être un fardeau pour elle et compliquer la position de son parti dans l’arène électorale, ce qui rendrait toute candidature future difficile à maintenir. »
