Francis Rousset, ancien libraire devenu vigneron, a planté 18.000 pieds de vigne à Villaz, près d’Annecy, en 2017, avec l’objectif de produire ses premières bouteilles de vin d’ici trois ou quatre ans. Cependant, des événements imprévus ont bouleversé son projet : en 2020, le chantier de vinification a été arrêté en raison de la pandémie de Covid-19. L’année suivante, malgré sa préparation, il a perdu 60 % de sa récolte à cause des gelées. Face à ces nombreuses difficultés, Rousset ne s’est pas découragé, soutenu par une association de restaurateurs qui lui a prêté plusieurs dizaines de milliers d’euros via un prêt à taux zéro, un coup de pouce qui a été décisif pour sa survie économique, rapporte TopTribune.
Cette association, nommée Vendanges solidaires, a été mise en place en 2016 pour aider les vignerons touchés par des calamités climatiques. Julien Fouin, président de l’association, explique que l’initiative a commencé par une collecte de fonds à travers un euro supplémentaire sur chaque bouteille pendant les vendanges. « Nous, restaurateurs, bénéficions du vin dans nos affaires, donc il était essentiel de soutenir les producteurs », affirme-t-il. Depuis sa création, l’association a structuré ses actions, organisant des événements et des collectes de fonds pour aider ceux qui en ont besoin.
Des grandes fortunes solidaires ?
Ce samedi marque le début d’une vente aux enchères caritative qui s’étendra sur deux semaines, proposant des bouteilles de grands domaines comme Cheval Blanc, Petrus et Pape Clément. « Il y a de grandes fortunes dans le vin en France, et leur générosité peut vraiment faire la différence pour les vignerons en difficulté », déclare Fouin, appelant les familles influentes à contribuer à la cause.
En moins d’une décennie d’existence, Vendanges solidaires a observé une augmentation des sinistres liés aux conditions météorologiques extrêmes causées par le réchauffement climatique. « La température augmente plus tôt dans la saison, entraînant des gelées destructrices des bourgeons, et le nombre d’orages de grêle ne cesse d’augmenter », analyse Julien Fouin. Autrefois, les vignerons subissaient un incident tous les dix ans, alors qu’aujourd’hui, cela se produit presque tous les trois ans. « Nous voulons leur dire : tenez bon, vous n’êtes pas seuls », ajoute-t-il.
Une année de travail anéantie en quinze minutes
La détresse est palpable chez de nombreux viticulteurs. Francis Rousset évoque les pertes dévastatrices qu’il a subies. « L’année dernière, j’ai encore perdu 80 % de ma récolte à cause de gelées. Travailler toute l’année pour tout perdre en quinze minutes est un véritable coup dur. C’est psychologiquement éprouvant, d’autant plus que les banques ne soutiennent pas vraiment et les démarches pour obtenir des assurances sont compliquées », témoigne-t-il.
Pour venir en aide aux producteurs fragilisés par ces aléas, l’association Vendanges solidaires offre des prêts flexibles, adaptés aux réalités du secteur viticole. Ces prêts permettent aux petits producteurs, souvent engagés dans des pratiques biologiques ou de vinification naturelle, d’obtenir un répit financier dans des moments critiques.
En conclusion, les vignerons comme Francis Rousset sont le reflet d’une agriculture qui lutte contre des défis croissants, exacerbés par les effets néfastes du changement climatique. Les initiatives comme celle de Vendanges solidaires représentent des bouées de sauvetage pour une industrie viticole en détresse, reliant producteurs et restaurateurs dans une solidarité nécessaire face aux crises successives.