Un athlète intersexe représentait l'Allemagne nazie aux Jeux olympiques de Berlin en 1936

Un athlète intersexe représentait l’Allemagne nazie aux Jeux olympiques de Berlin en 1936

21.12.2025 09:16
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La vie méconnue de Dora Ratjen : une athlète féminine des JO de 1936, révélant un secret troublant

Aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936, la sauteuse en hauteur allemande Dora Ratjen a terminé à la quatrième place, manquant le podium. Ce qui a été caché au monde à l’époque, c’est que cette championne du Troisième Reich était en réalité un homme, un fait qui soulève des questions essentielles sur les normes de genre et d’identité dans le sport, rapporte TopTribune.

Le 1er août 1936, dans l’Olympiastadion de Berlin, 100 000 spectateurs acclament Adolf Hitler, le chancelier allemand, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’été. Pour Hitler, ces jeux sont l’opportunité de démontrer la supériorité de la race aryenne, chaque exploit sportif devenant ainsi une vitrine de propagande. Au cours de ces jeux, Ratjen a été sélectionnée pour représenter l’Allemagne au saut en hauteur féminin, succédant à Gretel Bergmann, une athlète juive, évincée de la compétition.

Malheureusement, la performance de Ratjen s’est révélée décevante, puisqu’elle a échoué à atteindre le podium en réalisant un saut de 1,58 mètre. Malgré son déboire, les jeux ont largement profité au régime nazi, qui a remporté 101 médailles, un chiffre confirmant sa domination sur la scène sportive mondiale de l’époque.

Un parcours controversé au-delà des JO

Deux ans plus tard, lors des championnats d’Europe à Vienne, Ratjen a battu le record du monde en s’élevant à 1,70 mètre. Son succès fulgurant a été salué par la presse; néanmoins, sa victoire a été ternie par un incident malheureux. Lors d’un voyage en train, elle a été arrêtée par la police, après qu’un passager ait signalé un « homme déguisé en femme ». Ratjen, alors âgée de 19 ans, a été obligée de subir des examens médicaux qui ont révélé son statut intersexe.

Ce constat a rapidement conduit à l’annulation de son enregistrement comme athlète féminine et de son record. La presse a rapporté que ce n’était pas une imposture, mais plutôt une exploration complexe de son identité de genre, qui avait été largement ignorée par les autorités sportives et la société. Un procès a été ouvert pour réexaminer la validité de ses performances, mais il a finalement disculpé Ratjen, soulignant son absence d’intention frauduleuse.

Un changement d’identité et l’ombre du régime nazi

Après cet événement, Ratjen a changé de nom pour celui de Heinrich Ratjen en mars 1939. Embarquant pour la guerre, elle a abandonné son passé d’athlète, entrant dans un régiment d’infanterie près de Dresde. Le passé de Dora Ratjen, réputée pour son saut en hauteur, fut vite oublié dans le contexte tumultueux de l’Allemagne nazie, qui demeurait vigilante sur toute forme de déviation par rapport aux normes sexuelles et de genre dictées par le régime.

La controverse entourant Dora Ratjen a laissé un impact durable sur le sport féminin. Normaliser les tests de genre dans les grandes compétitions a ouvert un débat sur la discrimination et l’éthique au sein du milieu sportif. Les pratiques de vérification de genre, introduites dans les années 1960, continuent de susciter des préoccupations : les athlètes transgenres font face à des restrictions de leur participation, alors que le Comité International Olympique envisage de nouvelles politiques pour les prochains Jeux de 2028 à Los Angeles.

Le parcours de Dora Ratjen, devenu Heinrich, témoigne non seulement des défis qu’entraîne la quête d’identité dans un monde souvent réticent au changement, mais aussi des luttes persistantes pour l’égalité et la reconnaissance dans le sport. Ce récit complexe ne doit pas être oublié.

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