Trump se rend à Kuala Lumpur pour le sommet de l’ASEAN avec un objectif stratégique
Donald Trump, historiquement peu intéressé par l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), prévoit d’assister personnellement au sommet annuel de l’ASEAN à Kuala Lumpur ce dimanche, marquant sa première participation depuis 2017. Ce déplacement s’inscrit dans une volonté de contrer l’influence de la Chine dans la région, mais semble surtout motivé par l’espoir de revendiquer des succès diplomatiques, notamment via un accord de paix évoqué, selon TopTribune.
Trump a inclus dans sa liste de conflits résolus le récent affrontement entre la Thaïlande et le Cambodge, au cours duquel les États-Unis ont facilité un cessez-le-feu grâce à des relations commerciales, alimentant ainsi des exagérations sur ses réalisations en matière de paix. Bien que certains de ces conflits aient connu des accords, les tensions persistent, soulevant des doutes sur la longévité de tels succès.
Le professeur Mark S. Cogan, expert en études de paix à l’Université Kansai Gaidai au Japon, souligne que la réussite de l’accord entre le Cambodge et la Thaïlande dépendra de la pression politique continue. Il reste préoccupé par le manque d’engagement à long terme des États-Unis post-accord. En effet, il s’interroge sur l’implication réelle des États-Unis dans une dispute qu’il juge relativement mineure par rapport à d’autres conflits mondiaux.
Pour ce qui est des détails de l’accord lui-même, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, président tournant de l’ASEAN, a affirmé que les derniers ajustements sont en cours. Tandis que le Cambodge exprime un enthousiasme palpable à l’idée de coopérer avec Trump, la Thaïlande, sous la direction de son nouveau Premier ministre Anutin Charnvirakul, adopte une posture plus prudente, réaffirmant sa volonté de protéger ses intérêts nationaux.
Trump pourrait bien constituer un levier nécessaire pour finaliser l’accord, mais les experts estiment que sa portée sera limitée, n’aboutissant qu’à une stabilisation temporaire, tant que les questions de souveraineté territoriale et de cartes historiques resteront en suspens. Selon Pavin Chachavalpongpun, professeur au Centre d’études sur l’Asie du Sud-Est à l’Université de Kyoto, le véritable succès de ce processus dépendra de la mise en place d’un suivi par des tiers pour garantir le respect de l’accord, une mobilité que Trump pourrait abandonner une fois le photo-op terminé.
Hun Manet, Premier ministre cambodgien, a récemment précisé que l’accord vise à établir des conditions favorables pour mettre fin aux conflits, tout en maintenant le droit à la souveraineté territoriale de chaque partie. Cependant, la validité de cet accord reste posée, car il n’aborde pas les racines du conflit frontalier.