Trois graphiques pour comprendre les enjeux de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et l'Union européenne
Trois graphiques pour comprendre les enjeux de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et l'Union européenne

Trois graphiques pour comprendre les enjeux de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’Union européenne

14.03.2025
4 min de lecture

Donald Trump a décidé d’imposer des droits de douane de 25% sur l’aluminium et l’acier en provenance d’Europe. En réaction, la Commission européenne a annoncé qu’elle allait bientôt taxer une série de produits américains. Le président américain menace maintenant les alcools du Vieux Continent.

La guerre commerciale est déclarée. Après des semaines de menaces, Donald Trump est passé à l’offensive : le président américain a imposé, mercredi 12 mars, des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium européens. L’Europe n’a pas tardé à réagir. Promettant une riposte « forte mais proportionnée », la Commission européenne a annoncé des taxes, dès le 1er avril, sur des produits emblématiques venant des Etats-Unis comme les motos Harley-Davidson et le bourbon, ainsi que sur d’autres produits dont la liste reste à définir. Au total, Bruxelles prévoit d’imposer des contre-mesures sur 28 milliards de dollars de marchandises américaines. Et la surenchère continue : le locataire de la Maison Blanche a menacé de taxer à 200% le vin et le champagne européens. Ni les Etats-Unis ni l’Europe ne semblent prêts à reculer pour l’instant. Franceinfo vous expose en trois graphiques les enjeux de cette escalade.

L’acier et l’aluminium représentent moins de 2% des exportations européennes

Donald Trump a décidé de commencer par cibler l’acier et l’aluminium, mais l’impact reste limité à l’échelle du commerce transatlantique. En 2024, ces métaux représentaient moins de 2% des exportations de l’Union européenne vers les Etats-Unis, selon les calculs de franceinfo à partir des données d’Eurostat. 

« C’est assez classique dans les guerres commerciales de commencer par imposer des produits de moindre importance », commente Stéphane Auray, chercheur à l’Ecole nationale de la statistique et de l’analyse de l’information et à la Rennes School of Business. Selon ce spécialiste, ces droits de douane peuvent tout de même avoir des conséquences, en alourdissant la facture des entreprises dépendant de ces matières premières pour leurs activités, comme l’industrie automobile avec l’acier. Il souligne également qu’un risque d’escalade est possible : toute nouvelle hausse d’un droit de douane entraînant en représailles l’instauration d’une autre taxe à l’importation.

« Ces droits de douane sont contraignants pour les entreprises, car ils perturbent les marchés, mais ce n’est pas un problème majeur pour l’industrie européenne de l’aluminium », relativise Cyrille Mounier, délégué général d’Aluminium France. En 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, une taxe similaire de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium avait déjà été imposée, avec un impact finalement limité sur les exportations européennes, selon les données d’Eurostat. Le représentant de la fédération professionnelle de l’industrie française de l’aluminium fait en outre valoir que l’Europe produit de l’aluminium brut, alors que les Etats-Unis n’en fabriquent pas et doivent donc en importer. « Il leur coûterait bien plus cher de construire des usines pour produire du métal brut que de payer des droits de douane à 25% », estime-t-il. 

Les économies européennes et américaines sont étroitement liées

Les économies européenne et américaine sont liées par d’importants échanges commerciaux. Les Etats-Unis sont le plus grand partenaire commercial de l’UE : ils ont représenté environ 20% des exportations européennes en 2024, selon les données d’Eurostat. Dans l’autre sens, l’Europe dépend de son partenaire américain pour environ 14% de ses importations, ce qui fait des Etats-Unis le deuxième fournisseur de l’UE, juste derrière la Chine.

Ces échanges commerciaux s’avèrent conséquents dans certains secteurs en particulier. L’Europe dépend en partie des Etats-Unis pour ses importations de pétrole (plus de 12% du total des biens échangés), de gaz et de certains médicaments. Quant aux Etats-Unis, ils importent notamment des produits médicaux et pharmaceutiques européens, qui représentent près de 15% de leurs importations en provenance de l’UE, mais aussi des voitures ou des avions.

« Une guerre commerciale sur les produits les plus échangés entre l’UE et les Etats-Unis serait une catastrophe. »Stéphane Auray, économiste

Si les taxes sur les produits les plus fréquemment échangés restent pour l’instant limitées, d’autres secteurs pourraient cependant trinquer. Avec des droits de douane « à 200% »« le business s’arrête », a prévenu Nicolas Ozanam, délégué général de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux, interrogé par l’AFP. Cela reviendrait à tripler le prix des bouteilles d’alcool tricolore sur le marché américain. Or la France y a exporté en 2024 pour à peu près 3,9 milliards d’euros, soit un quart de ses exportations totales, selon des chiffres des douanes françaises et de la FEVS.

La balance commerciale penche du côté de l’Europe 

Pendant sa campagne présidentielle de 2024, Donald Trump a régulièrement dénoncé le déficit commercial croissant des Etats-Unis avec l’Europe. A raison. En dix ans, l’excédent commercial de l’Union européenne vis-à-vis des Etats-Unis a plus que doublé, passant de 97,1 milliards d’euros en 2014 à 198,2 milliards en 2024. Cependant, ce déséquilibre ne concerne que les marchandises : l’UE a exporté bien plus de produits vers les Etats-Unis qu’elle n’en a importés. En revanche, pour les services, l’Europe connaît un déficit commercial et dépend largement des Américains.

Certains pays européens, comme l’Allemagne ou l’Irlande, qui exporte plus de 50% de ses biens hors de l’UE vers les Etats-Unis, sont plus vulnérables aux conséquences des hausses des droits de douane et risquent d’être particulièrement touchés. Au Parlement européen, plusieurs députés ont insisté sur la nécessité de faire front commun face à ce début de guerre commerciale. En France, le ministre chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, s’est montré déterminé à défendre les intérêts français et européens : « Nous ne céderons pas aux menaces et protégerons toujours nos filières », a-t-il écrit sur le réseau social X. 

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