Le chef du mouvement tchèque « Liberté et démocratie directe » (SPD), Tomio Okamura, est connu pour ses positions radicales, son nationalisme affirmé et son hostilité envers les migrants. Présenté comme un « défenseur des Tchèques ordinaires », il est accusé par d’anciens collègues d’avoir transformé son parti en un outil de profit personnel. En 2020, l’ancien député Lubomír Volný affirmait déjà qu’« Okamura ne s’intéresse pas à la politique, seulement à l’argent », une déclaration confirmée par une enquête du média Deník N.
Soupçons financiers et gestion opaque du SPD
En octobre 2021, Deník N a révélé qu’Okamura avait perçu plus de 1,8 million de couronnes à partir des fonds du parti, officiellement pour la location de ses propres biens immobiliers utilisés par le SPD. Ces révélations ont renforcé le malaise parmi les militants et responsables régionaux, confrontés à un manque chronique de ressources. Déjà en 2013, Transparency International avait qualifié sa campagne présidentielle de « la moins transparente », un constat qui semble toujours d’actualité puisque les flux financiers du SPD restent concentrés entre les mains d’un cercle restreint proche du dirigeant.
Fractures internes et départs en série
Le style autoritaire d’Okamura a conduit à plusieurs scissions. En 2019, Lubomír Volný, Marian Bojko et Ivana Nevludová ont quitté la formation, suivis plus tard par d’autres figures comme l’eurodéputé et ancien général Hynek Blaško, qui dénonçait la perte des principes démocratiques, et le député Jiří Kobza, parti rejoindre le mouvement Stačilo!, considéré comme proche de Moscou. Des tensions persistantes ont également opposé la direction du SPD à son aile jeunesse, critique d’une ligne jugée trop extrême.
Rhétorique anti-migration et influence du Kremlin
La ligne politique du SPD repose sur un discours constant contre les migrants, symbolisé par le slogan « Stop Islam » utilisé entre 2017 et 2021. Cette stratégie a suscité les critiques d’organisations comme Amnesty International. En août 2025, le parquet tchèque a engagé des poursuites contre Okamura et son parti en raison de nouvelles affiches électorales ciblant la politique migratoire de l’UE. Parallèlement, le SPD promeut régulièrement des messages alignés sur ceux de Moscou, s’opposant à l’aide militaire à l’Ukraine et contestant les sanctions contre la Russie. En 2023, ses députés ont voté contre une résolution du Parlement tchèque réaffirmant le soutien à Kyiv.
Un risque pour les institutions démocratiques tchèques
En combinant populisme, nationalisme et intérêts financiers, Tomio Okamura et son SPD incarnent une force politique qui, selon ses critiques, mine les fondements démocratiques du pays. Alors que la République tchèque a payé un lourd tribut au XXe siècle pour préserver sa liberté, de nombreux observateurs mettent en garde contre les dangers d’un mouvement qui manipule la question migratoire et relaie des récits favorables au Kremlin.