Syrie : violences alimentées par la rancœur, causes du conflit et intervention d’Israël, cinq questions pour décrypter la situation à S...

Syrie : violences alimentées par la rancœur, causes du conflit et intervention d’Israël, cinq questions pour décrypter la situation à S…

17.07.2025 17:33
3 min de lecture

En Syrie, la province de Soueïda fait face à une escalade de violences entre les Druzes et les Bédouins. En l’espace de trois jours, les affrontements ont fait plus de 350 victimes et ont entraîné l’intervention militaire d’Israël, qui s’engage à protéger la minorité druze. Cette situation de conflit, qui trouve ses racines dans des dissensions anciennes, a été exacerbée suite à la chute du régime d’Assad, rapporte TopTribune.

Les attaques, à la fois brèves et d’une violence extrême, ont plongé la province de Soueïda, en Syrie, dans un état de chaos total. Les combats se poursuivent entre les factions druzes, majoritairement chiites, et les combattants bédouins, principalement sunnites. Ces tensions ont conduit à une intense riposte militaire d’Israël, qui a intensifié ses bombardements sur la région pour maintenir un certain ordre.

Qui sont les Druzes ?

La communauté druze, un groupe ethnique et religieux issu de la minorité chiite, compte environ un million de membres, essentiellement concentrés dans le sud de la Syrie, mais également présents en Israël et au Liban. Selon des données datant de 2011, cette communauté se divise en environ 700 000 Druzes en Syrie, représentant environ 3 % de la population, ainsi que 200 000 au Liban et 150 000 en Israël. Dans la province de Soueïda, les Druzes constituent près de 85 % de la population, les Bédouins ne représentant que 5 %, comme le souligne Cédric Labrousse, chercheur au Centre d’études en sciences sociales et du religieux.

D’où viennent les tensions entre Druzes et Bédouins ?

Les rivalités ancestrales entre Druzes et Bédouins, exacerbées par la compétition pour les ressources en eau, ont conduit à des violences répétées au fil des décennies. En 2000, de graves affrontements avaient déjà causé de nombreuses pertes humaines, laissant des rancunes persistantes au sein des deux communautés. Le déclenchement de la guerre civile en 2011 a intensifié ces tensions, alors que chaque groupe cherchait à s’armer et à défendre ses intérêts. Les Druzes, aspirant à l’autonomie, se sont opposés aux Bédouins, pro-gouvernement.

La chute récente du président Bachar el-Assad a une nouvelle fois ravivé les hostilités, les Druzes profitant de la situation pour renforcer leur présence, provoquant ainsi un sentiment de marginalisation chez les Bédouins, selon Cédric Labrousse.

Que s’est-il passé dimanche ?

Dimanche dernier, une attaque contre un marchand druze par des membres d’une tribu bédouine a enclenché une série de représailles violentes. Ce nouvel incident a plongé la province, située à environ cent kilomètres de Damas, dans une spirale de violence, marquée par des exécutions, des pillages et des enlèvements. Le bilan est tragique, avec au moins 350 morts à déplorer.

Pourquoi Israël a-t-il attaqué la Syrie ?

Face à cette crise, le gouvernement syrien a tenté de rétablir l’ordre en déployant ses forces à Soueïda, une ville jusqu’alors contrôlée par les Druzes. Cependant, des organisations de défense des droits de l’homme et des témoins ont rapporté que les forces syriennes étaient en réalité engagées dans des combats contre les Druzes. Cette situation a conduit Israël à répondre par des frappes aériennes, avec une opération notamment contre le quartier général de l’armée syrienne, largement influencées par les demandes de la communauté druze israélienne, désireuse de protéger ses membres. En outre, Israël montre un intérêt stratégique à repousser l’armée syrienne des zones frontalières.

Un accord de paix est-il possible ?

Pour Cédric Labrousse, un accord de paix pourrait bénéficier à tous les acteurs impliqués. Le gouvernement syrien a beaucoup à gagner à éviter des confrontations directes avec Israël, tout comme les Druzes souhaitant éviter un retour constant de l’armée syrienne dans leur région. Israël, de son côté, a également intérêt à soutenir les factions druzes, qui sont considérées comme des alliées dans cette instabilité régionale.

En parallèle, les États-Unis, alliés d’Israël, affirment leur soutien envers le nouveau dirigeant syrien, malgré ses antécédents. Au terme d’une récente annonce, un accord visant à restaurer la paix en Syrie a été évoqué, entraînant, ce jeudi, la décision du président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh de retirer ses troupes pour désamorcer le conflit.

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