Le chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, a présenté mardi 14 octobre 2025 sa feuille de route lors d’une déclaration de politique générale, dans un contexte politique marqué par l’attente de deux motions de censure qui seront examinées en fin de semaine, rapporte TopTribune.
Durant une allocution de trente minutes, il a affirmé que le gouvernement s’engageait à soumettre ses propositions de budget pour un débat au sein de l’Assemblée nationale, en insistant sur le fait que le Parlement devrait avoir le dernier mot. « Le gouvernement proposera, vous débattrez, vous voterez », a-t-il reiteré plusieurs fois. Cette déclaration intervient alors que le Rassemblement national et une frange de la gauche se préparent à déposer des motions de censure, prévues pour être examinées jeudi matin.
Le Premier ministre a également accordé une concession importante au Parti socialiste (PS), annonçant la suspension de la réforme des retraites jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Ceci représente une réponse à l’une des principales demandes du PS, dans un contexte d’incertitude politique.
Renonciation au 49.3 annoncée
Dans un autre point clé de son discours, Sébastien Lecornu a confirmé qu’il ne recourrait pas à l’article 49.3 de la Constitution, souvent utilisé par ses prédécesseurs en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée. « En renonçant au 49.3, il n’y a plus de prétexte à une censure préalable », a-t-il déclaré, précisant que c’était une condition préalable pour éviter la censure.
Cela s’accompagne d’un engagement à réduire les dépenses publiques, avec une promesse de lutter contre la fraude fiscale à travers des contrôles renforcés. Le Premier ministre a également mentionné que des économies seraient mises en œuvre, cependant, il a promis des baisses d’impôts ciblées pour les PME, tout en prévoyant des hausses exceptionnelles pour certaines très grandes entreprises.
Suspension de la réforme des retraites
Concernant la réforme des retraites, Lecornu a avancé que le gouvernement proposerait au Parlement la suspension immédiate de la réforme de 2023, afin d’apaiser les tensions avant la présidentielle. Ce moratoire sur le relèvement de l’âge de départ et la durée d’assurance, qui resterait à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028, devrait coûter 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027.
Il a également planifié un cadre de discussions autour d’une conférence sur les retraites et le travail, en accord avec les partenaires sociaux, laissant la porte ouverte à d’éventuelles réformes futures selon les conclusions de cette conférence.
Propositions pour l’outre-mer et décentralisation
D’autres points abordés ont inclus des initiatives pour l’outre-mer, avec la promesse d’adopter rapidement l’accord de Bougival concernant la Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’un projet de loi sur l’autonomie en Corse. « La fin des accords de Nouméa a laissé un vide institutionnel qu’il faut combler », a-t-il déclaré, insistant sur l’urgence de ces mesures.
Sébastien Lecornu a affirmé son intention de mener un nouvel acte de décentralisation dans les trois mois, proposant un « responsable unique par politique publique » pour une meilleure efficacité administrative.
Le discours de politique générale du Premier ministre s’inscrit donc dans un contexte de défis multiples, tant sur le plan économique que politique, alors que les tensions à l’Assemblée nationale se révéleront cruciales dans les jours qui suivent.